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Bande dessinéeet Aventure  

Le Grand Siècle (tome 2) - Benoît
de Simon Andriveau
Delcourt - Conquistador 2008 /  12.90 €- 84.5  ffr. / 48 pages
ISBN : 978-2-7560-0578-2
FORMAT : 24x32 cm

De pis en pis…

Dans la famille des grands losers de la BD, Alphonse, le héros du Grand Siècle s’impose : on se souvient que dans un premier album très inspiré, ce va-nu-pieds du XVIIe siècle, soiffard et libidineux, voyait tout d’un coup son destin basculer après avoir sauvé Benoît, le fils d’un chevalier local, seul rescapé d’un massacre. Fuyant les assassins – qui voulaient en finir avec toute la famille et ce témoin inattendu, Alphonse et son protégé trouvaient refuge chez des gitans, avant d’embarquer finalement sur un navire à destination des Caraïbes… un navire “capturé” par leur pire ennemi, Moplai. La fin du premier tome les laissait dans une situation critique : ce nouvel album prouve que tout peut aller de mal en pis. Débarqués après un voyage difficile, Alphonse et Benoît se retrouvent dans la peau d’esclaves, soumis à un planteur cruel dans une société coloniale sans âme. La solution : peut être la fuite aux côtés de boucaniers, peut être la résignation ? Mais pour quelle liberté au final ?

Le premier tome de ce Grand Siècle s’était avéré une excellente surprise : un récit efficace, rythmé, alliant le comique d’un Alphonse au récit de capes et d’épées, le tout avec un graphisme impressionniste que ne renierait pas un Loisel, nuancé, jouant des textures, des ombres, des formes, des visages pour signifier une émotion, un sentiment… Et ce deuxième album tient largement les promesses du premier, confirmant Simon Andriveau en tant qu’auteur de talent pour une série historique intimiste, très ambitieuse dans le graphisme comme dans l’épure des sentiments. Les deux destins de Benoît et d’Alphonse figurent deux aspects d’une époque dure pour les simples, les anonymes : à la tentation de la rébellion s’oppose celle de la soumission “pour vivre”. Et le tout sans pathos excessif : l’esclavage, discrètement figuré, ne donne pas lieu à un cours magistral complet, mais en quelques images, Simon Andriveau sait figurer la déchéance, le découragement, l’épuisement ou bien la haine : du grand art et un album qui tourne au roman graphique, tant les caractères sont travaillés.

Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 15/09/2008 )
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