Bande dessinée
Adaptation de Gwen de Bonneval et Frantz Duchazeau
Dargaud - Poisson Pilote 2004 / 9.45 €- 61.9 ffr. / 48 pages
ISBN : 2-205-05601-8
FORMAT : 23 x 30 cm
Légende sumérienne
Dans la mythologie des peuples mésopotamiens, Gilgamesh est un héros mi-homme, mi-dieu, comparable aux Ulysse et Héraclès grecs. L’épopée de ce roi à la force sans pareille est en outre la plus ancienne œuvre littéraire connue. Avec ce premier épisode d’une série prévue en deux tomes, les auteurs Gwen de Bonneval (Samedi et Dimanche, Basile Bonjour) et Frantz Duchazeau (Igor et les monstres, La Nuit de l’Inca) s’attaquent donc à un gros morceau du patrimoine culturel de l’humanité… Le résultat est pourtant étonnant de simplicité et de naturel. À s’étonner que, en plus de 4600 années, les épiques aventures de Gilgamesh n’aient jamais été mises en case avant aujourd’hui…
Le puissant roi Gilgamesh règne donc d’une poigne de fer sur le peuple d’Uruk. Ne craignant rien ni personne, le colosse né de l’union d’un homme et d’une déesse a abandonné ses atours de sauveur et de protecteur pour ceux plus inquiétants de tyran à qui tout appartient et tout est dû. Mais ce règne despotique va bientôt tourner court lorsque les dieux eux-mêmes, mécontents de l’attitude de leur protégé d’autrefois, envoient une créature aussi puissante que le roi pour le combattre. C’est Enkidu, l’être sauvage qui vivra un temps avec les animaux de la forêt avant d’être ramené par l’une des courtisanes du souverain. Les deux titans s’affronteront avant de devenir amis inséparables…
L’aventure de Gilgamesh se situe dans un monde lointain et légendaire, où les hommes côtoient les dieux et où les exploits surhumains et autres phénomènes extraordinaires sont monnaie courante : taureau gigantesque, rêves prémonitoires, géant des bois, combats titanesques… Chaque page de ce premier épisode de Gilgamesh recèle son lot d’évasion, de mystère et de fantastique. La modernité narrative et graphique empêche toutefois l’album de tomber dans l’évocation plate et littérale de ces contes anciens. L’histoire s’attache beaucoup à retranscrire les sentiments de principaux protagonistes. Et sous le trait faussement simple et nerveux de Duchazeau, les frasques du géant prennent forme avec évidence et fermeté, avec un sens du dessin qui, en quelques traits, fait imaginer beaucoup de choses. Enfin, si cet album est publié dans la collection « Poisson Pilote » de chez Dargaud, c’est qu’une légère pointe d’humour pimente les péripéties du gigantesque souverain. Un très agréable moment de lecture.
Alexis Laballery
( Mis en ligne le 23/10/2004 )
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