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Bande dessinéeet Adaptation  

Le Secret de l'étrangleur
de Jacques Tardi et Pierre Siniac
Casterman 2006 /  14.95 €- 97.92  ffr. / 88 pages
ISBN : 2-203-39910-4
FORMAT : 23,3 x 34 cm

L’étrangleur en version intégrale

Il y a ceux qui découvriront l’album, et ceux qui l’auront déjà lu en feuilleton depuis le début du printemps (voir notre article). Pour les premiers, le plaisir sera intégral et bu d’une seule traite. Pour les seconds, il résidera dans la relecture, dans la découverte des planches dans un nouveau format, plus petit, et dans les trois dernières doubles pages, à découper au coupe-papier : elles dévoilent trois autres dénouements possibles (et parfois inacceptables, comme le dit lui-même Tardi !) à cette histoire qui se terminait déjà sur des fins alternatives.

Petit rappel de l’intrigue : Paris, fin des années 50. Un mystérieux étrangleur profite de la grève de la police et du brouillard pour faire chaque nuit une nouvelle victime. Valentin Esbirol, libraire de son état, choisit-il ses proies au hasard, comme il semble le faire ? Parvient-il vraiment à les hypnotiser pour les tuer en deux temps et sans douleur, comme il s’en vante auprès du jeune Foncinet, qu’il invite à assister à ses crimes ? Alphonse Machouin, dit Foncinet, le beau-fils rebelle de l’inspecteur Budé, qui vit comme une provocation, en pleine grève, les crimes insolents de l’étrangleur… Mais d’ailleurs, Valentin Esbirol est-il vraiment l’étrangleur de minuit ?

C’est un scénario finalement assez complexe, comme un jeu de pistes, adapté de l’œuvre du romancier Pierre Siniac. Tardi s’en donne à cœur joie, même si l’on peut regretter que de nombreuses scènes (et pour cause !) aient lieu dans le brouillard ou sous la pluie, nous privant donc des décors parisiens dans lesquels le dessinateur excelle. L’originalité du scénario, ce sont ces fins alternatives : l’une est un vrai dénouement, mais les autres s’apparentent à des fins en queue-de-poisson, et l’on aurait préféré un véritable exercice de style en la matière. Les trois doubles pages de « bonus » de l’album (par rapport au feuilleton) ne vont pas bien loin, et c’est dommage. Mais il n’en reste pas moins que la lecture de l’Etrangleur est un vrai moment de plaisir. La galerie de personnages est excellente, tout comme l’ambiance et la langue fleurie qu’affectionne le maître du noir et blanc.

Après Le Cri du peuple et Le Petit Bleu de la côte Ouest, cette nouvelle adaptation ne décevra pas les fidèles de l’excellent Tardi. Et maintenant, qu’il nous revienne avec une nouvelle aventure d’Adèle Blanc-Sec, et nous serons aux anges !

Anne Bleuzen
( Mis en ligne le 13/10/2006 )
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