L'actualité du livre
Bande dessinéeet Humour  

Le Steak haché de Damoclès
de Fabcaro
La Cafetière éditions - Corazón 2005 /  9.5 €- 62.23  ffr. / 48 pages
ISBN : 2-84774-006-6
FORMAT : 16,5 x 24 cm

C’est l’histoire d’un mec

À l’heure où tout le monde se raconte sur le net, de ma boulangère à Alain Juppé, on trouve proportionnellement quantité de blogs de dessinateurs qui mettent en images quelques petits faits tirés de leur quotidien et autres souvenirs de jeunesse plus ou moins enthousiasmants : n’importe quelle anecdote est bonne à prendre pour en tirer la note du jour, le but étant de rendre intéressantes et pertinentes les plus grandes banalités. Il va donc falloir s’y habituer, après les autobiographies de ceux qui ont quelque chose à raconter (de Maus à Persepolis pour aller vite), l’autobiographie du « gars normal » va devenir un genre à part entière ! Toute la difficulté étant de rendre ce quotidien palpitant et singulier.

Le Steak haché de Damoclès (merveilleux titre !...) est de cette mouvance, à la différence qu’une thématique solide maintient l’ensemble des petites histoires recueillies ici. De plus, il s’agit clairement de rire de son nombril, et pas forcément de l’admirer. Grâce à une autodérision constante, l’album échappe en effet à l’écueil du récit des affres de l’artiste autiste. En quelques planches (de une à quatre), Fabcaro parle de sa vie de dessinateur, de son enfance (beaucoup), et surtout de cette timidité maladive qui lui empoisonne la vie depuis belle lurette. Le jeune homme multiplie les blocages, a un mal fou à communiquer, ne sait pas dire non et, ne parvenant pas à dissiper les malentendus, il les laisse aisément s’installer et grandir jusqu’à se retrouver totalement bloqué dans de drôles de situations. Chaque saynète est prétexte à un nouveau souvenir toujours embarrassant pour l’auteur, mais comme lui conseille sa compagne, il faut prendre ça « comme une thérapie ».

Ce premier album de Fabcaro (dont on a pu découvrir le travail auparavant dans Psikopat ou Tchô !) est un moment de lecture plaisant ponctué de savoureux moments. Certains passages sont extrêmement réussis comme la planche chez le coiffeur, la référence à Zelig de Woody Allen, ou encore le traditionnel album de Lucky Luke offert à Noël depuis 25 ans… D’autres moments restent plus convenus, le timide chronique ayant déjà fait les beaux gags de nombreux humoristes, comédiens ou écrivains. Mais Fabcaro sait insuffler suffisamment de rythme à ses petites chroniques pour les rendre toujours pertinentes et efficaces. Et il y a de plus ce petit ton touchant et si honnête qui fait que tôt ou tard on peut se reconnaître dans le personnage de Fabcaro. Avec un trait vif et dynamique, qui ne demande toutefois qu’à s’affranchir de certaines influences évidentes (Larcenet et Bouzard en tête), le jeune auteur promet avec cet album de belles et drôles de choses pour l’avenir.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 30/07/2005 )
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