Bande dessinée
Humour de Nicolas de Crécy
Dupuis - Expresso 2006 / 9.80 €- 64.19 ffr. / 54 pages
ISBN : 2-8001-3834-3
FORMAT : 24 x 32 cm
Folle ménagerie !
Quelques mois à peine après avoir signé le somptueux Période glaciaire, Nicolas de Crécy revient à la charge héroïque avec ce deuxième volet des aventures de Salvatore. On avait laissé le petit chien garagiste découragé : ses plans pour parvenir à rejoindre la jolie Julie, quelque part en Amérique du Sud, tombaient à l’eau puisqu’il lui manquait une pièce indispensable à son véhicule tout-terrain. Sans un adaptateur de Bentley, cette impressionnante embarcation ne peut en effet pas aller bien loin. Heureusement, avec l’aide du débrouillard petit gardien féru d’internet qui vit dans la niche du jardin, Salvatore va retrouver la trace de l’unique propriétaire de la pièce rare et précieuse. L’adaptateur est devenu une oeuvre d’art très prisée, et exposée dans une galerie huppée de la capitale…
Dans le même temps, Amandine donnait naissance à une tripotée de porcelets, treize à la douzaine pour être précis. Mais lorsque le médecin lui apprend que le petit François a disparu lors de l’accouchement, c’est une catastrophe. Il faut absolument le retrouver, et voilà toute la petite troupe porcine dans un TGV direction Grenoble pour rejoindre la caravane familiale… L’instinct du nouveau-né l’aura sûrement conduit jusque-là pense la cochonne.
Encore une fois, c’est une joyeuse parade que met en scène ici Nicolas de Crécy. Dans un univers proche de la parodie de la bande dessinée animalière où chaque espèce n’échappe jamais totalement à son destin, c’est une folle histoire qui se déroule sans temps mort. Tout le talent de l’auteur est de parvenir à rendre attachants des personnages totalement insolites, et passionnantes d’absurdes péripéties soufflées à la grâce de l’improvisation. C’est un continuel déluge d’idées absurdes, de trouvailles géniales et de dialogues percutants. L’inspiration de l’auteur du Bibendum céleste n’a pas de limites et de Crécy pousse dans ses derniers retranchements les conventions du feuilleton : les personnages se multiplient, les intrigues se croisent, les fausses pistes se court-circuitent et les pérégrinations de chaque protagoniste sont continuellement sujettes à des bouleversements narratifs imprévus. L’auteur n’a pas peur des digressions, s’amuse du hasard et tire sur chaque nouveau fil pour voir où cela peut le mener. Et à chaque fois, miraculeusement ou presque, il retombe sur ses pattes pour mieux rebondir, plus haut et plus loin !
La maîtrise de cette nuée d’électrons libres est complétée par un dessin toujours aussi stimulant et riche, servi par la palette inspirée de Walter (débauché pour l’occasion de son Donjon). Une totale réussite donc conduisant le lecteur à une béate euphorie.
Alexis Laballery
( Mis en ligne le 13/06/2006 )
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