L'actualité du livre
Bande dessinéeet Humour  

Mon fiston
de Olivier Schrauwen
Editions de l'An 2 - ChromoZone 2006 /  16 €- 104.8  ffr. / 56 pages
ISBN : 2-84856-072-X
FORMAT : 24 x 30 cm

Mon père, cet anti-héros

Mon fiston raconte les quelques aventures d’un papa veuf et de son petit garçon pas plus grand qu’une main et qui tient dans une poche de veste. Une visite au zoo, un parcours de golf ou une simple promenade en ville et c’est pour ce couple insolite le point de départ de nombreuses péripéties où l’absurde et un fantastique aussi drôle qu’inquiétant ne sont jamais absents.

Avec un détachement ironique (le légendaire flegme belge ?) et un humour constant, Olivier Schrauwen narre ces événements en mettant l’accent sur les tranquilles dérèglements qui affectent un quotidien déjà passablement étrange. Les dérapages incontrôlés qui séparent la réalité du cartoon et le rêve du cauchemar sont nombreux, et l’auteur les provoque jusqu’aux limites de l’irraisonnable, avec beaucoup de malice et d’imagination. Ainsi, comme son aïeul Sammy, le gamin, malgré sa taille ridicule et sa voix fluette, est doué d’éternuements explosifs et dévastateurs. Quant à la tranquille visite au zoo, elle se finit en une bataille homérique entre gardiens, badauds et pygmées évadés. L’humour noir et acide n’est pas en reste : le père prend soin de son rejeton tout en maudissant sa laideur, et lorsque cet homme bon et généreux se retrouve avec un orphelin sur les bras, il n’hésite pas une seconde à… le placer en pensionnat !

Situant son action dans un début du vingtième siècle de carte postale (ou plutôt de bande dessinée), Schrauwen multiplie les références : c’est le temps des découvertes, des architectures invraisemblables, des expositions universelles, des phénomènes de foire et des indigènes montrés en spectacle : il y a tout cela dans Mon fiston et chaque fois une douce folie contamine les actions et dérègle les émotions. Profitant du décor, Schrauwen pastiche le style graphique alors de rigueur : couleurs passées et trait de contour épais, tout y est jusqu’au grain de l’image finement vieilli. On pense à Winsor McCay et à ses cauchemars souvent mis en cases : l’impression finale est à la fois gentiment parodique et totalement singulière, et la fausse naïveté dont fait preuve Schrauwen rappelant la narration de certains comics d’antan n’en est que plus délicieuse lorsqu’elle est mêlée à ces improbables chroniques.

Un drôle de livre à la fois touchant, étrange et totalement décalé : un auteur assurément à suivre.

Alexis Laballery
( Mis en ligne le 17/08/2006 )
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