Bande dessinée
Humour de Tonino Benacquista et Nicolas Barral
Dargaud 2008 / 14 €- 91.7 ffr. / 68 pages
ISBN : 978-2-205-059694
FORMAT : 24x32 cm
Dieu 2, le retour
Le Créateur revient… Benacquista et Barral, dans un premier album assez drôle, avaient révélé au lecteur la manière par laquelle Dieu intervient dans nos vies, en nous adressant un spécialiste prompt à régler un problème terrestre. Et dans ce nouvel album, la galerie des spécialistes vaut son pesant d’auréoles : Agatha Christie, Michel-Ange, Cyrano de Bergerac, Hemingway, Fred Astaire et Ginger Rogers… que du lourd et du célèbre. Il faut dire que les cas sont désespérants, démiurge ou pas : du comptable sans passions au détective privé de talent, du couple sans avenir à l’artiste maudit, il va falloir utiliser les grands moyens… Heureusement, au ciel, on ne fait jamais les choses à moitié et chaque problème a sa solution, il suffit de trouver le bon disparu.
La formule est efficace : faire de Dieu le bienfaiteur, parfois dépassé, d’une humanité décidément bizarre, il fallait oser. Faire intervenir des stars décédées comme coachs pour humains débiles, c’est tentant. Encore fallait-il pour cela quelques idées et un graphisme qui sache figurer les grands personnages, les caricaturer gentiment sans leur enlever la charge sacrée que leur confère la célébrité. Le couple Benacquista – Barral fait donc merveille. Écrivain de talent, adepte du conte fantaisiste et philosophique (lisez Saga, Malavita, La Maldonne des sleepings…), Tonino Benacquista investit de plus en plus sûrement la bande dessinée, et avec talent. De la série Dieu n’a pas réponse à tout, à des one shot comme L’Amour cash ou l’Outremangeur, il fait montre d’une originalité sympathique et fantasque, soignant les dialogues comme le scénario. Quant à Nicolas Barral, il était le dessinateur de la situation : après s’être attaqué à quelques piliers de l’establishment (Sherlock Holmes, Blake et Mortimer…), il lui fallait du grandiose, de l’existentiel. Avec Dieu, il est gâté et il gâte ses lecteurs en leur jetant en pâture des peoples historiques, et quels peoples. Le trait est léger, discrètement caricatural tout en restant réaliste, à la hauteur de l’humour discret de Benacquista. Pas de fausse note ni de grosse blague mais une parabole qui fait sourire et qui prête à réfléchir. Un seul regret : 5 histoires, c’est trop court… Les prochaines interventions divines sont attendues : on ne fait pas attendre le Créateur.
Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 29/04/2008 )
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