L'actualité du livre
Histoire & Sciences socialeset Période Moderne  

Le Théâtre espagnol du Siècle d'Or - 1580-1680
de Christophe Couderc
PUF - Quadrige 2007 /  22 €- 144.1  ffr. / 380 pages
ISBN : 978-2-13-056047-0
FORMAT : 15,0cm x 20,0cm

L'auteur du compte rendu : Thérèse Krempp mène une recherche en doctorat à l'Ecole des hautes études en sciences sociales sur l'armée française d'Orient pendant la Première Guerre mondiale. Avec Jean-Noël Grandhomme, elle a publié Charles de Rose, pionnier de l'aviation de chasse (éditions de la Nuée Bleue, septembre 2003).

La Comedia Nueva

L’Espagne a connu au XVIIe siècle un formidable engouement pour l’art dramatique. Poésie sophistiquée ou spectacle populaire, le théâtre espagnol était représenté aussi bien sur les places de villages que dans les jardins du roi, dans les églises ou sur les galions. Le nombre de pièces écrites à cette époque est impressionnant : on en compterait environ entre 10 000 et 15 000 (les deux tiers auraient été perdus). Bien sûr ces œuvres étaient de qualité très variable et aujourd’hui on a pris l’habitude de lire et d’étudier une partie très limitée de ce répertoire, ce qui ne donne pas toujours une bonne représentativité de cet art dramatique qui était d’une très grande diversité à la fois dans le nombre des auteurs et dans leurs sources d’inspiration, mais aussi dans le répertoire lui-même.

Christophe Couderc, maître de conférences à l’université de Paris IV-Sorbonne, nous propose dans son ouvrage une présentation de la richesse et de la diversité du théâtre espagnol entre les années 1580 et 1680, dates qui correspondent aux années de production des deux auteurs les plus importants de ce Siècle d’Or : Lope de Vega (1562-1635) et Calderón (1600-1681).

La Comedia Nueva, dont la forme fut consacrée par Lope de Vega, est héritière du théâtre médiéval et de celui de la Renaissance. Un chapitre introductif nous présente les racines et les antécédents de cette nouvelle formule théâtrale. La première partie de l’ouvrage évoque «le contexte d’une culture du spectacle qui est un phénomène à la fois littéraire et social». Le goût effréné du théâtre en Espagne au XVIIe siècle est intimement lié à une certaine théâtralité spontanée de la vie quotidienne, qui trouve son épanouissement dans la fête : «fêtes populaires», profanes ou religieuses (avec une mention particulière pour la Fête-Dieu), «fêtes courtisanes», organisées par le pouvoir royal. C’est sur ce caractère théâtral de la société que viennent se greffer plusieurs formes de théâtre, à commencer par un «théâtre commercial» : le corral de comedias (cour aux comédies). Ce corral est une cour au milieu d’un pâté de maison aménagée pour accueillir des représentations. C’est à la fin du XVIe siècle que le corral, lieu fermé, vient remplacer la scène en plein air, permettant ainsi de contrôler l’accès du public au théâtre.

L’organisation économique et matérielle de l’industrie du théâtre est largement étudiée dans ce chapitre consacré au corral de comedias. Les autres formes de théâtre sont présentées dans le dernier chapitre de la première partie : le théâtre de cour, qui ne se développe pas uniquement au sein de la cour royale, et l’auto sacramental. Lié à la Contre-Réforme, l’auto sacramental est une pièce relativement courte, à caractère didactique, représentant un sujet sacré et jouée à l’occasion de la Fête-Dieu.

Dans la seconde partie de l’ouvrage nous est présenté l’ensemble des règles et des conventions «qui conditionnent l’élaboration du texte d’une pièce de théâtre». Après une analyse du genre des pièces (comedia et tragicomedia), les deux derniers chapitres de l’ouvrage sont consacrés aux questions de forme et de fond : conventions de l’écriture (versification mais aussi mise en œuvre de l’action et fonctionnalité des personnages) ; équilibre entre vraisemblance et bienséance, importance de l’honneur dans le déroulement de l’intrigue. «Phénomène socio-culturel complexe», le théâtre espagnol du Siècle d’Or revêt des formes diverses qui, malgré une structure ritualisée, laissent toujours la place à l’improvisation.

Enrichi d’une bibliographie conséquente et d’un index des auteurs et des œuvres, le livre de Christophe Couderc est une excellente introduction au théâtre espagnol du XVIIe siècle.

Thérèse Krempp
( Mis en ligne le 25/07/2007 )
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