L'actualité du livre
Histoire & Sciences socialeset Période Contemporaine  

Lazard Frères - Banquiers des Deux Mondes - (1840-1939)
de Guy de Rougemont
Fayard 2011 /  28 €- 183.4  ffr. / 539 pages
ISBN : 978-2-213-66125-4
FORMAT : 15,3cm x 23,5cm

Préface de Jacques Attali

Success story

Alors que l’heure est à la suspicion à l’égard du système bancaire, le livre de Guy de Rougemont «vient à point nommé», comme le remarque Jacques Attali dans l’avant-propos. Intitulé Lazard Frères – Banquiers des Deux Mondes (1840-1939), l’ouvrage retrace la formidable aventure américaine de la fratrie Lazard.

Cette histoire est «celle de jeunes Juifs d’Alsace et de Lorraine partis chercher fortune» aux États-Unis d’Amérique sous la monarchie de Juillet. Naturellement, la trajectoire des Frères Lazard n’a pas été linéaire, loin s’en faut. D’abord commerçants, ils sont devenus banquiers quelques décennies plus tard. Aussi grandiose soit-elle, leur ascension ne s’est pas faite sans douleur. Il a fallu faire face aux vols, incendies et autres désagréments, puis changer de métier pour évoluer vers une plus grande spécialisation bancaire.

Comment les Lazard, ces «Français de l’étranger, désespérés du sort de leur terre natale après la défaite de 1870», sont-ils parvenus à s’imposer dans le milieu bancaire au point de «participer à l’essentiel des opérations de fusions et acquisitions menées en Europe et aux États-Unis depuis un demi-siècle» ? Quels ont été les ingrédients de cette success story ? Percer ce mystère, telle est l’ambition de l’enquête réalisée par Guy de Rougemont.

Certes, «tout le monde connaît (…) les deux principales figures qui ont animé cette maison au cours du XXe siècle : André Meyer et Michel David-Weill. Deux hommes célèbres pour leur éthique, leur discrétion, leur vision, leur compétence, leur audace. Deux hommes infiniment différents. Même si, chacun à sa façon, l’un et l’autre ont perpétué les valeurs des familles fondatrices». Celles-ci paraissent souvent méconnues du grand public, alors qu’elles ont portant été décisives. Elles ont en effet «forgé, dès le milieu du XIXe siècle, l’identité de la maison Lazard ; ce sont elles qui ont déterminé la place que la banque a acquise par la suite dans le monde de la finance internationale».

D’après le préfacier, l’un des principaux mérites de ce livre est de contribuer à «démontrer que l’histoire de Lazard Frères est belle, morale et juste, que cette maison a été utile à l’économie mondiale, et pas seulement à la fortune de ses gérants». Pendant longtemps plus Français qu’Américains, les Lazard ont connu des déceptions, des obstacles et des retours en arrière. Mais l’essentiel de leur odyssée outre-Atlantique est que «rien ne se fait sans confiance» et que «le principal capital est l’honneur». Autrement dit, économie de marché ne rime pas nécessairement avec injustice.

Le récit de Guy de Rougemont est remarquable et très bien documenté. Le seul regret que pourrait nourrir le lecteur, c’est que l’auteur se soit arrêté en 1939. Peut-être la suite de cette belle aventure sera-t-elle retranscrite dans un prochain ouvrage ?

Jean-Paul Fourmont
( Mis en ligne le 22/02/2011 )
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