Histoire & Sciences sociales
Période Contemporaine de Jean-Jacques Becker
Belin - Sup Histoire 2003 / 24.90 €- 163.1 ffr. / 367 pages
ISBN : 2-7011-3699-7
FORMAT : 17x24 cm
L'auteur du compte rendu: Agrégé et docteur en histoire, Jean-Noël Grandhomme est l'auteur d'une thèse, "Le Général Berthelot et l'action de la France en Roumanie et en Russie méridionale, 1916-1918" (SHAT, 1999). Il est actuellement PRAG en histoire contemporaine à l'université "Marc Bloch" Strasbourg II.
Panaroma sur la Grande Guerre
«Les écrits sur la Grande Guerre rempliraient des bibliothèques entières», constate Jean-Jacques Becker en ouverture de cet ouvrage, ce qui rend d’autant plus difficile l’art de la synthèse. Or, ce spécialiste bien connu de la Première Guerre mondiale, professeur émérite de l’université Paris X-Nanterre et président du centre de recherche de l’Historial de Péronne, possède cet art. Aujourd’hui injustement dénigrée, «l’histoire bataille», sans laquelle toutes les études sur le premier conflit mondial ne sauraient reposer sur des bases solides, prend sous sa plume un aspect beaucoup moins rébarbatif que celui qu’il a pu revêtir autrefois. J.-J. Becker sait mettre à la portée des jeunes générations – celles qui n’ont plus connu le service militaire et aussi les jeunes filles, de plus en plus nombreuses à s’intéresser à l’histoire de cette période – un vocabulaire et des notions d’alors qui ne font plus partie, sauf exceptions, de leur environnement culturel.
Prenant également en compte les aspects diplomatiques – aujourd’hui eux aussi fort négligés, voire méprisés par beaucoup d’historiens -, et les aspects économiques (notamment l’intervention croissante de l’État dans ce domaine), il s’attache à effectuer une synthèse des dernières avancées de la recherche. Depuis une quinzaine d’années en effet, sous l’égide surtout de l’Historial de Péronne (mais non pas seulement), la façon d’appréhender la Grande Guerre a été profondément bouleversée par le recours massif aux sciences auxiliaires de l’histoire que sont la sociologie, l’ethnologie, l’histoire des religions et des philosophies. Sans verser dans l’hermétisme qui caractérise parfois le langage des représentants de cette école de pensée, J.-J. Becker initie le lecteur à ces notions de «totalisation» de la lutte et de «culture de guerre» qui forment la grande caractéristique du conflit : plusieurs paragraphes sont ainsi consacrés à la presse, la censure, la propagande, aux intellectuels et aux Églises en guerre, à l’école et aux loisirs entre 1914 et 1918.
Savant dosage de chronologie – il n’était que temps d’y revenir - et d’histoire thématique, cette Première Guerre mondiale, principalement destinée aux étudiants, constituera aussi un digeste très utile pour tous les passionnés d’histoire. Elle fait mieux comprendre ce qui a pu arriver à cette société de la «Belle Époque», dont nous continuons d’avoir la nostalgie…
Jean-Noël Grandhomme
( Mis en ligne le 13/02/2004 )
www.parutions.com
(fermer cette fenêtre)