L'actualité du livre
Histoire & Sciences socialeset Période Contemporaine  

6 Juin 1944
de Jean-Pierre Azéma , Philippe Burrin et Robert-O. Paxton
Perrin - Tempus 2008 /  8 €- 52.4  ffr. / 253 pages
ISBN : 78-2-262-02865-7
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

L'auteur du compte-rendu : Hugues Marsat est agrégé d'histoire. Enseignant dans le secondaire, il mène parallèlement des recherches sur le protestantisme aux XVIe-XVIIe siècles.

Livre court pour jour le plus long

En 2004, à l’occasion du 60e anniversaire du débarquement en Normandie, le Mémorial de Caen, conjointement avec les éditions Perrin, publiait un album consacré à cet événement à la fois prouesse militaire logistique et fondateur d’une France nouvelle et libre. Le texte accompagnant l’abondante illustration, composé par trois grands spécialistes de la Seconde Guerre mondiale, est aujourd’hui réédité, seul, dans la collection de poche historique des éditions Perrin.

L’album Le 6 juin 44 ne prétendait nullement devenir la référence sur le débarquement en Normandie, la littérature ne manquant pas sur le sujet. Mais depuis Le Jour le plus long de Cornelius Ryan (1959) et Sie Kommen ! de l’allemand Paul Carell (1960), qui tiennent davantage du grand reportage ou de la reconstruction narrative, les perspectives historiques ont évolué et surtout du recul a été pris. Alors que la recherche historique française, profitant d’un retour à la mode de l’histoire militaire, commence seulement à envisager l’événement dans sa globalité (cf. Olivier Wievorka, Histoire du débarquement, Seuil, 2007), le livre rédigé par un triumvirat international de spécialistes de la période, le français Jean-Pierre Azéma, le suisse Philippe Burrin et l’américain Robert Paxton, offrait et offre à nouveau une vision à la fois globale et synthétique du jour le plus long.

Globale parce que 6 juin 44 – l’édition de poche a perdu le déterminant de l’album – se découpe en huit parties qui permettent de couvrir le débarquement depuis les précédents opérationnels, formateurs en terme d’enseignement et de préparation comme l’opération anglo-canadienne sur Dieppe en août 42 qui se solde par un échec retentissant, jusqu’aux mémoires de l’événement et à sa commémoration. Entre, bien sûr, viennent enjeux stratégiques, préparatifs, situation de la France en juin 1944 et opérations du jour même comme des jours suivants jusqu’à la libération de Paris et le débarquement en Provence (15 août 1945). Aucun aspect n’est négligé : stratégie et tactique éclairent les opérations et leurs finalités ; les troupes, qu’elles soient alliées ou allemandes, sont approchées dans leurs équipements comme dans leurs potentiels. Enfin les Français, résistants ou vichystes, acteurs ou victimes, sont là ; tout particulièrement les Normands qui durent subir les bombardements préparatoires.

Synthétique parce que chaque aspect est développé en quelques pages à la brièveté très rarement décevante, à l’exception peut-être des deux pages sur les «planeurs et parachutistes», mais manifestant une maîtrise quasi-parfaite des perspectives et des implications, et un art de l’anecdote instructive et du détail utile, comme les 15 kg de matériels nécessaires au combat du GI contre les 2 kg allemands.

Certes le livre de Azéma, Burrin et Paxton ne dresse pas un ordre de bataille complet du 6 juin 1944 et l’aficionado du débarquement n’y trouvera sans doute pas le détail qui lui manquait, mais le lecteur profane pourra s’appuyer sur cette synthèse pour envisager l’événement dans toutes ses dimensions. En ce sens, et en dépit de l’absence totale de cartes – seules bibliographie et chronologie sommaires demeurent - 6 juin 44 est une belle petite réussite de livre d’histoire destiné au grand public sans rien sacrifier quant au sérieux, ni céder à l’émotion du livre-témoignage qui a une autre utilité.

Hugues Marsat
( Mis en ligne le 09/07/2008 )
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