Histoire & Sciences sociales
Histoire Générale de R-G Grant et Collectif
Flammarion 2009 / 40 €- 262 ffr. / 360 pages
ISBN : 978-2-08-122132-1
FORMAT : 26cm x 31cm
L'auteur du compte rendu: Gilles Ferragu est maître de conférences en histoire contemporaine à l’université Paris X – Nanterre et à l’IEP de Paris.
Bijoux de mort
Après deux volumes respectivement consacrés aux Batailles et aux Soldats, il semblait bien évident que R-G Grant aboutirait aux armes.
Exploitant les collections du Royal Armouries (l’armurerie royale d’Angleterre, l’un des plus importants musées du genre), R-G Grant, entouré de quelques spécialistes, s’attaque donc à une longue histoire, celle des instruments de mort, une histoire qui oscille entre histoire des techniques et de l’artisanat, histoire militaire et – n’en déplaise aux esthètes – histoire de l’art, tant certaines réalisations (épées damasquinées, couteaux incrustés…) relèvent autant de l’oeuvre d’art que de l’outil en soi.
L’ouvrage, comme les précédents, avance de manière chronologique, avec une attention marquée pour l’Occident (on ne reviendra sans doute pas sur le débat de l’éthos guerrier de l’Occident, mais cette série d’ouvrages en fait, implicitement, la démonstration, tant il semble que l’art de la guerre ait été, dans nos sociétés constitutif d’une certaine “civilisation”). Depuis les armes préhistoriques (le biface, simple mais efficace) jusqu’au lance-grenade dernier modèle, en passant, tranquillement, des Mésopotamiens et de l’Egypte pharaonique (-3000 av JC) aux chevaliers francs, guerriers mongols, samouraïs japonais, soldats confédérés… A l’intérieur de ce plan chronologique, on progresse de manière thématique (ou plutôt technologique) : arcs et lances, haches et massues, épées et dagues, armes d’hast, armes à feu, armures et casques. Un panorama large, qui se lit de pair avec les autres volumes, tant la physionomie du champ de bataille et des soldats (cf. la question des protections et autres armures) évolue aussi en fonction de la technologie militaire.
La qualité de la présentation est identique à celle des volumes précédents, c’est à dire excellente : une iconographie impeccable distribuée sur de grandes pages thématiques, avec une masse impressionnante de photographies en gros plans (les armes sont souvent traitées comme de l'orfèvrerie et supposent une attention aux détails…), des schémas explicatifs pour saisir le maniement et le fonctionnement d’une arme (notamment ce qu’elle peut amener de neuf, de révolutionnaire, et donc ce qui favorise son succès et la victoire de son utilisateur), des dessins des soldats “en arme” et même des références à quelques batailles où une arme particulière aura décidé de la victoire.
Certes, il ne s’agit là que des armes de poing et l’on regrettera l’absence de l’armement lourd (artillerie, chars, aviation…) et, plus largement, de tous les outils de la guerre. Mais tel quel, l’ouvrage est déjà à la fois très complet, et très pédagogique. A destiner à un public que la guerre et les armes intéressent, sensible à une réflexion à la fois technique, tactique et stratégique.
Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 19/05/2009 )
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