L'actualité du livre
Histoire & Sciences socialeset Histoire Générale  

Montségur, village ariégeois
de Michel Barrière , Pierre-Toussaint Cornède , Anne Brenon et Claudine Pailhès
Conseil général de l’Ariège-Archives départementales 2008 /  28 €- 183.4  ffr. / 314 pages
ISBN : 2-86009-015-0

Montségur, village ariégeois
Exposition aux Archives Départementales de l’Ariège jusqu’au 14 mars 2008.
Tous les jours sauf les samedis et dimanches

Archives Départementales
59, chemin de la Montagne
09000 FOIX
Tél: 05 34 09 36 80

L'auteur du compte rendu : Françoise Hildesheimer, conservateur en chef aux Archives nationales, est professeur associé à l'université de Paris I. Elle a notamment publié Fléaux et société. De la Grande Peste au choléra. XIVe-XIXe siècles (Hachette, 1999), un Richelieu chez Flammarion (2004) et La Double mort du roi Louis XIII (Flammarion, 2007).


Montségur n’est pas qu’un bûcher !

Accompagnement durable d’une exposition récente, ce très beau livre pourrait sembler n’être qu’un bel ouvrage de plus sur un haut lieu qui a déjà fait couler beaucoup d’encres de toutes qualités. Or, non seulement il est dû aux meilleurs spécialistes du sujet, mais encore et surtout il révèle bien des surprises historiques, le plus attendu n’étant pas forcément le plus étonnant, assurément le plus nouveau.

Donc, Montségur encore, mieux : encore et plus ! Car en deçà et au-delà des très illustres quarante années du refuge cathare, il s’agit de retracer l’histoire du site depuis les origines paléolithiques jusqu’à nos jours : et, à lire cette histoire, on s’aperçoit que Montségur est un village sans pareil, où jamais rien n’est simple ; pas d’avant ces quarante ans emblématiques, pas ou peu d’après : pendant les trois siècles et demi qui suivent une insolite solitude d’un lieu qui a pour seigneur la puissante famille de Lévis, laquelle cède enfin la place à un village ariégeois «ordinaire», pas si ordinaire si on en décrypte la chronique marquée par la contestation et la violence de la vie municipale (la «saga» du maire Jean-Baptiste Casimir Authié Belleroze qui sème le trouble durant la majeure partie du XIXe siècle ne suffit pas à épuiser les capacités contestataires des habitants), puis par le réveil dû à la redécouverte de l’hérésie cathare et les récupérations de tous poils (avec Authié Belleroze encore, Napoléon Peyrat, le pasteur exalté, les félibres, néo-gnostiques, Rose-Croix et autres ésotériques, chercheurs de Graal et de trésors), les célébrations littéraires, le tout tournant au raz-de-marée médiatique et à un durable succès touristique. Ainsi exhumé et relu, Montségur ne se réduit plus à être le lieu du bûcher qui alimente un imaginaire parfaitement recadré et resitué dans un bien plus long et original parcours.

De l’exceptionnel le plus dramatique au quotidien le plus quotidien, cet ouvrage conjugue judicieusement histoire locale et histoire générale, confronte mythe et réalité, spiritualité et déviance, décrypte les enquêtes archéologique et suit l’état de l’historiographie, dont il constitue lui-même un élément remarquable. Il faut en effet souligner la qualité esthétique et scientifique d’une illustration abondante qui fait la part belle aux documents d’archives reproduits et publiés, exemple de méthode qui, en douze chapitres chronologiquement organisés, non seulement éclaire son sujet, mais introduit de surcroît le lecteur dans l’atelier de l’historien en un lieu où bat d’un rythme si particulier le cœur de notre histoire.

Françoise Hildesheimer
( Mis en ligne le 15/02/2008 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)