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Histoire & Sciences socialeset Témoignages et Sources Historiques  

La France et son armée - Suivi de Histoire des troupes du Levant
de Charles de Gaulle
Perrin 2011 /  22 €- 144.1  ffr. / 374 pages
ISBN : 978-2-262-03382-8
FORMAT : 12,4cm x 21,2cm

Hervé Gaymard (Préfacier)

Avant l'Heure...

«Nous capitulons sans combat devant les exigences insolentes des allemands, et nous livrons à l’ennemi commun nos alliés les Tchèques. L’argent allemand et la monnaie italienne ont coulé à flots ces jours-ci dans toute la presse française, surtout celle dite «nationale», pour persuader notre pauvre peuple qu’il fallait lâcher... Les Français, comme des étourneaux, poussent des cris de joie, cependant que les troupes allemandes entrent triomphalement sur le territoire d’un Etat que nous avons construit nous-mêmes, dont nous garantissons les frontières et qui est notre allié. Peu à peu, nous prenons l’habitude du recul et de l’humiliation, à ce point qu’elle nous devient une seconde nature. Nous boirons le calice jusqu’à la lie».

Telle est la lettre qu’adressa Charles de Gaulle à sa femme Yvonne, peu après les accords de Munich en 1938 au cours desquels Daladier et Chamberlain reculèrent face aux prétentions démesurées d’Hitler. La sombre et funeste prémonition du futur héros de la France libre devait se réaliser à peine quelques mois plus tard. Une semaine avant cette lettre à son épouse, le 27 septembre 1938, De Gaulle publia La France et son armée, ouvrage qui vient d’être réédité par les éditions Perrin.

De Gaulle n’en était pas alors à son coup d’essai, puisqu’il s’agissait de son quatrième ouvrage après La Discorde chez l’ennemi (1924), Le Fil de l’épée (1932) et Vers l’armée de métier (1934). Comme le relève Hervé Gaymard dans la présentation de cet ouvrage, la reculade de Munich préparait bel et bien la déroute de l’armée française face au déferlement des troupes allemandes. 1938 fut une année décisive pour de Gaulle en raison d’une triple rupture : avec l’armée française dont il pressent la déconfiture, avec le maréchal Pétain de qui «la force des choses» pour reprendre Saint-Just l’avait peu à peu séparé, et avec le colonel Mayer, son mentor.

Commandant à l’époque le 507e régiment de chars de combat à Metz, celui qui allait devenir le sauveur providentiel de la France présentait le présent livre comme «une sorte d’histoire de l’armée française, ou plutôt de philosophie de cette histoire». La publication de l’ouvrage de Charles de Gaulle constituait une munition dans la curieuse «guerre de papier» à laquelle se livraient les plus hauts dignitaires de l’armée française. La légende veut d’ailleurs que Pétain, après avoir empêché la publication de ce manuscrit, ait voulu le faire éditer sous son propre nom aux éditions Payot…

Ce livre, qui n’est pas un traité militaire, est une histoire personnelle de la France, un peu à la Michelet. «C’est une déclaration d’amour. Un livre d’images (…) [et] d’heures, vivant, parfois endiablé, dans lequel fourmillent les scènes de genre, particulièrement dans les descriptions des batailles». Cette chronique est un document historique de toute première main pour qui serait désireux d’en apprendre davantage sur les grandes évolutions de l’armée française, et ce de ses origines jusqu’aux prémices de son naufrage face à ceux que Churchill appelait les Huns.

Jean-Paul Fourmont
( Mis en ligne le 07/02/2012 )
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