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Histoire & Sciences socialeset Témoignages et Sources Historiques  

À l'école en Algérie - Des années 1930 à l'indépendance
de Martine Mathieu-Job
Bleu autour - D'un lieu l'autre 2018 /  25 €- 163.75  ffr. / 368 pages
ISBN : 978-2-35848-094-9
FORMAT : 14,0 cm × 22,1 cm

Ouvrage collectif

L’École de la République dans l’Algérie coloniale

Les éditions Bleu autour poursuivent leur travail de mémoire et de collecte de souvenirs d’enfances au-delà de la Méditerranée, avec ce joli recueil qui évoque plus précisément les années d’école primaire. L’école de la République, dans ces départements particuliers qu’étaient les départements algériens.

Cinquante deux auteurs ont accepté de se souvenir, de joindre une photo de classe, lorsqu’ils avaient pu la conserver. Cinquante deux auteurs de cultures différentes, musulmane, juive ou chrétienne, souvent mélangés sur les bancs de l’école. Mélangés mais… dans sa préface, Martine Mathieu-Job qui a collecté les récits souligne bien qu’en «1943, moins de 10% des enfants «indigènes» de 6 à 14 ans étaient effectivement scolarisés. (…) Autre disparité : les garçons étaient près de deux fois plus nombreux que les filles parmi les élèves «indigènes»». Plusieurs générations se succèdent sur ces trente années évoquées.

Que le français ait été ou non leur langue maternelle, tous les auteurs ici présents se le sont appropriés, tous ont eu - les courtes biographies en fin de chaque contribution en témoignent - un parcours qui fait honneur à leurs enseignants. Écrivains, chercheurs, éditeurs, journalistes, etc., ont pris leurs plumes pour raconter ces premières années déterminantes et rendre hommage à l’École et à leurs maîtres.

Pour la génération de la guerre d’Algérie, l’École apparaît comme un lieu préservé, ainsi que le note Jacques Frémeaux : «L’école primaire apparaît comme un jardin épargné par la guerre qui a commencé à battre autour de ses murs mais qui n’entre que sous forme de vague rumeur, vite étouffée par les bruits familiers du quotidien».

«L’École dans l’Algérie coloniale ! Drôle de paradoxe, me dit le philosophe Nicolas Grimaldi : «L’école est comme une île dans la mer. Car la colonie cesse où commence l’École. Sans doute une école peut-elle se trouver dans une colonie. Mais ceci est strictement topographique ou géographique. La vérité de l’école, son secret, c’est qu’étant partout la même, elle n’a pas de lieu propre. Aussi est-elle, par essence, par vocation, la véritable utopie» (J-P Castellani). Chacun a fait surgir ses souvenirs : les camarades, l’apprentissage de l’écriture, les jeux, l’interrogation au tableau, les instituteurs…

Un contexte colonial certes, des différences ressenties entre les élèves venus d’horizons divers, mais malgré tout un lieu protecteur et formateur, et ce n’est sans doute pas un hasard si tous ces auteurs qui ont construit leur carrière et leur vie sur l’écriture, la vie intellectuelle, ont tous tenu à écrire en français, la langue du colonisateur mais aussi celle conquise au cours de ces années fondatrices.

Un ensemble de textes émouvants qui parlent à tous les lecteurs, qu’ils aient connu ou non l’Algérie de ces décennies.

Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 09/07/2018 )
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