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Les Anglais : portrait d'un peuple
de Jeremy Paxman
Saint-Simon 2003 /  19.90 €- 130.35  ffr. / 247 pages
ISBN : 2915134030
FORMAT : 15 x 22 cm

Préface de Théodore Zeldin, traduit de l’anglais par Bernard Cohen.

So British !

Jeremy Paxman, journaliste de la BBC 2, s’est fait une spécialité de l’entretien sans complaisance ni médisance. Ce présentateur vedette du «Newsnight» et de «Panorama», les grand-messes de l’information à l’anglaise, est à la fois craint et respecté par ses invités qu’il n’hésite pas à repousser dans leurs retranchements.

C’est à un tout autre exercice que se livre le joaillier de l’entretien dans son livre au titre évocateur : Les Anglais, Portrait d’un peuple. Si vous voulez un résumé bref : comment les connaître, comment les comprendre, pourquoi les aimer ? Cette savoureuse analyse de nos voisins d’outre-Manche en quête d’une identité perdue, a le mérite de soulever une question brûlante : qu’est-ce qu’être Anglais à l’heure où l’européanisation et l’américanisation gagnent cette île en plein brouillard ? L’auteur a voulu dans cet essai «chercher ce qui restait de l’identité de ce peuple lentement dépouillé de ses attributs de grande puissance et désormais ébranlé dans ses certitudes.»

Ce portrait intime se veut à l’image de cette tribu : à la fois plein d’humour et d’esprit, subtil et incisif. Le journaliste emblématique de la BBC a accompli un travail minutieux indispensable pour décrypter cette curiosité anglaise loin des clichés et séparer le mythe de la réalité. Du sport à la culture, en passant par le regretté Empire britannique, sans oublier l’alcool ou la religion, tout est passé au peigne fin. Le dépaysement est garanti dans ce livre où l’on passe sans difficulté des sujets les plus sérieux et les plus graves à des histoires on ne peut plus cocasses ! Comment ne pas s’étonner en découvrant la vie d’un respectable homme d’affaires, la cinquantaine bien mûre, qui la nuit aime à se faire ceinturer jusqu’au sang par des professionnelles et se déclare «friand de punitions» ?! Cet exemple brise d’un coup, d’un seul l’image de «jadis où nul n’était plus reconnaissable qu’un Anglais : poli, flegmatique, avec une parole de gentleman plus estimable qu’une signature en bas d’un contrat, et une bouillotte en guise de vie sexuelle, au point que le monde occidental se demandait comment cette espèce insulaire se reproduisait !»

On comprend au fil des pages qu’être Anglais tient surtout à un attachement à la liberté individuelle qui s’est construit en accordant une place prépondérante à l’individu. Jeremy Paxman nous montre habilement comment ce peuple se voit et se rêve. Au cœur de ce pays imaginaire bâti sur une nostalgie profonde, l’Angleterre verte et campagnarde est exaltée alors que la majorité des Anglais habitent désormais dans des banlieues grises et mal urbanisées. Cette image romantique de leur pays montre un amour éternel pour ces célèbres petites maisons toutes jumelles avec jardin individuel, fruit d’un idéal en voie de disparition…

Un conseil, si vous le pouvez, lisez ce livre dans la langue de Shakespeare : la traduction française, même si elle est bonne, vous fera perdre une autre spécialité « typically British », ce goût inégalable pour les jeux de mots et un humour à toute épreuve. En refermant le livre, on n’a qu’une question à la bouche, à quand Les Français, Portrait d’un peuple ?

Fabienne Broucaret
( Mis en ligne le 15/12/2003 )
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