L'actualité du livre
Essais & documentset Questions de société et d'actualité  

La République et les antisémites
de Nicolas Weill
Grasset - Le Collège de philosophie 2004 /  12 €- 78.6  ffr. / 141 pages
ISBN : 2-246-67391-7
FORMAT : 12x19 cm

Pour en finir avec l'antisémitisme français

Est-ce le propre d’un essai que d’être frustrant ? Sans doute si l’on en croit le Petit Robert qui le définit comme «un ouvrage littéraire en prose, de facture très libre, traitant d’un sujet qu’il n’épuise pas.» Néanmoins, on ne peut s’empêcher de penser que La République et les antisémites aurait pu, aurait dû, échapper à cet écueil, ne serait-ce que parce que son auteur, Nicolas Weill, réussit l’impensable sur un tel sujet : être intellectuellement honnête.

Il résulte de cette honnêteté que cet essai n’est pas une pièce monolithique, ni l’énoncé d’une thèse fulgurante. On peut même y relever des arguments apparemment contradictoires, qui ne sont pourtant que le reflet de la complexité d’un antisémitisme qui recycle les mythes anti-juifs d’une époque à l’autre tout en tirant parti du conflit israélo-palestinien pour se ressourcer. Mieux, l’auteur connaît manifestement son sujet et jongle habilement entre philosophie et histoire, apportant ainsi une réelle profondeur de vue qui rend d’autant plus regrettable l’impression d’inachevé laissée par ce livre.

En effet, chacun ne peut que souscrire au triste constat de «paresse du cœur» de notre société et regretter les trop longs silences qui ont suivi certains actes antisémites. Pourtant, l’explication qu’en donne Nicolas Weill aurait mérité de plus amples développements. Ainsi, si la démonstration des incohérences de notre République qui voue aux gémonies le communautarisme tout en créant des «communautés d’assignation», dont le Conseil Français du Culte Musulman serait le dernier avatar, est assez parlante, le reste du raisonnement, un plaidoyer pour un véritable communautarisme issu de la société et non imposé d’en haut, semble un peu flou. Preuve s’il en était besoin, que «les diagnostics sont plus commodes à faire que les prescriptions», pour citer l’auteur. Donc, un essai intelligent et honnête dont la dernière partie mériterait d’être plus détaillée.

Olivier Agnus
( Mis en ligne le 24/11/2004 )
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