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Cécilia - Portrait
de Anna Bitton
Flammarion - FLAM 2008 /  16 €- 104.8  ffr. / 174 pages
ISBN : 978-2-08-121288-6
FORMAT : 13,5cm x 22,0cm

L'auteur du compte rendu : Mathieu Zagrodzki est diplômé en droit privé de l’Université Paris II et de Sciences Po Paris. Il est actuellement doctorant au sein du Pôle Action Publique du Centre de Recherches Politiques de Sciences Po (CEVIPOF).

Femme libérée

C’est l’histoire d’une femme mystérieuse. Depuis l’avènement politique de son désormais ex-époux, Cécilia Ciganer-Albéniz n’a cessé d’alimenter rumeurs, interrogations, fantasmes et critiques. Les changements d’humeur répétés de cette personnalité complexe (on pense par exemple à son refus d’aller voter au deuxième tour ou à son absence lors de la visite chez le président Bush) ont plongé bien des observateurs, y compris dans l’entourage proche du couple Sarkozy, dans la perplexité. Les questions entourant Cécilia, son caractère, ses motivations et son influence réelle sur Nicolas Sarkozy sont nombreuses. C’est ce secret que l’ouvrage d’Anna Bitton tente de percer en se basant sur de longs entretiens avec l’ex-première dame de France. Ouvrage qui regorge de citations savoureuses (Nicolas Sarkozy y est dépeint par son ex-femme comme «pingre», «sauteur» n’aimant «personne, même pas ses enfants») qui font comprendre pourquoi Cécilia a tenté de faire interdire sa parution…

C’est l’histoire d’une femme arriviste et froide pour les uns, maladivement timide et complexée par sa grande taille pour les autres, qui se rend compte qu’elle veut être plus que ce que son éducation l’a conduite à être, une épouse modèle vivant dans l’ombre de son mari. La cassure viendrait de là : le refus de Nicolas Sarkozy de voir son épouse endosser des responsabilités politiques auxquelles elle aspirait (elle souhaitait notamment se présenter aux municipales à Neuilly). Des aspirations qui ont conduit l’entourage politique du Président de la République, avec lequel elle a toujours entretenu des rapports de rivalité, à l’accuser de «bovarysme». Une telle affirmation revient toutefois selon l’auteur à minimiser l’envergure d’une femme qui a joué un rôle capital dans la libération des infirmières bulgares, a été la seule capable de tenir tête à Nicolas Sarkozy pendant 20 ans, a imposé Rachida Dati et Xavier Bertrand dans l’équipe de campagne lors de la présidentielle et organisé le meeting d’investiture du candidat Sarkozy en janvier 2007.

C’est enfin l’histoire d’une femme amoureuse d’un autre homme, Richard Attias. Anna Bitton est claire là-dessus : c’est pour lui que Cécilia est définitivement partie. Au final, Cécilia offre un portrait plaisant à lire et intimiste d’une femme pleine de contradictions : elle se moque de l’argent mais en parle tout le temps, déteste le protocole et les apparences mais adore le luxe, parle de son ex-mari avec dégoût mais utilise toujours son nom quand elle réserve une table au restaurant. On comprend un peu mieux qui est cette personne assez courageuse, ou assez folle, pour renoncer aux fastes du statut de première dame de France. Néanmoins, on peut se demander si tout ceci intéressera encore les Français. Cécilia est déjà tombée dans les oubliettes de la Ve République et l’attention se focalisera désormais sur Carla…

Mathieu Zagrodzki
( Mis en ligne le 20/02/2008 )
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