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Le Cinéma en France - Depuis les années 1930
de Fabrice Montebello
Armand Colin - Cinéma 2005 /  22 €- 144.1  ffr. / 224 pages
ISBN : 2-200-34014-1
FORMAT : 15x21 cm

Vers plus de qualité ?

Pour une fois, le titre est important et nous renseigne très précisément sur la nature de l’ouvrage : comme le martèle l’éditeur en quatrième de couverture, Le Cinéma en France, qui vient de paraître chez Armand Colin, est bien une histoire du cinéma en France des années 1930 à nos jours et non une histoire du cinéma français.

Par conséquent, deux traits principaux caractérisent le projet de l’auteur : tout d’abord, les films français ne sont pas les seuls étudiés. Mais aussi, et surtout, l’objet d’étude ne se réduit pas au seul fait filmique, mais plus largement au fait cinématographique dans son ensemble c’est-à-dire certes aux films, français, italiens, américains, mais aussi aux acteurs de la sphère cinématographique – comédiens, réalisateurs, producteurs, exploitants de salles, spectateurs -, et aux structures d’encadrement, d’aide ou de contrôle. Il s’intéresse aussi aux conditions de visionnage des films, en salle, puis devant la télé, et aujourd’hui devant les «home cinéma». Soulignons qu’il n’hésite pas à prendre en compte et à analyser la diffusion des films à la télévision et leur circulation aux formats VHS et DVD, au même titre que leur diffusion en salle. Ce qui, du point de vue de certains cinéphiles tatillons pourrait paraître choquant, mais montre la grande sensibilité de l’auteur à la réalité des conditions actuelles de visionnage des films, tout particulièrement dans les milieux populaires.

Avec cet essai, Fabrice Montebello, maître de conférences à l’Université de Metz, nous livre une étude convaincante et précise, riche, fourmillant d’exemples, d’anecdotes, mais aussi d’analyses pénétrantes. Après avoir lu Le Cinéma en France, on regrette d’autant plus que la thèse de Fabrice Montebello, consacrée aux rapports que les ouvriers du bassin de Longwy entretenaient avec le cinéma dans les années 50, soit restée inédite. Pourtant annoncé chez Economica, un volume issu de cette recherche n’est toujours pas paru.

Si l’ouvrage constitue une excellente synthèse, qui rendra de grands services aux étudiants, aux cinéphiles désireux de savoir ce qu’il y a derrière les films et tout simplement aux curieux, il est plus difficile de suivre l’auteur lorsqu’il tente de donner vie, au fil des pages, à la notion de qualité cinématographique. Il s’agit là en quelque sorte du fil conducteur de l’ouvrage, mais c’est une problématique discutable : l’histoire du cinéma en France serait marquée par la demande croissante, émanant du public, de films de qualité. Mais on ne voit alors pas bien sur quoi repose la qualité cinématographique. Qui est juge de la qualité d’un film ? Qui a le pouvoir de décerner des labels ? Le public qui va voir le film, les critiques ou les professionnels ? La compréhension de la notion est d’autant plus brouillée que l’auteur identifie des genres sans qualité - films de karaté, films X - mais reconnaît que ces films ont leurs aficionados capables d’identifier au sein de ces catégories «sans qualité» des chefs d’œuvres et des navets…

En somme la dimension la plus novatrice de l’ouvrage s’avère être la moins convaincante : il demeure un excellent manuel, très complet, très bien écrit, et véritablement passionnant, ce qui est rare pour un livre de ce type.

Raphaël Muller
( Mis en ligne le 06/04/2005 )
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