L'actualité du livre
et Beaux livres  

Nos stars de toujours
de Collectif
Larousse 2004 /  42 €- 275.1  ffr. / 279 pages
ISBN : 2-03-505422-2
FORMAT : 26x32 cm

Clichés & clichés

Nul besoin de se forcer pour ouvrir Nos stars de toujours, qui vient de paraître chez Larousse. Marylin Monroe en noir et blanc, la couverture attire l’œil. Une fois franchi ce seuil liminaire, point de déception non plus. La galerie de portraits qui se déploie au fil des pages est fort imposante. Les auteurs ont en effet choisi de ratisser large et de tracer, en une page ou deux, le portait de chacune des icônes du septième art.

Ce voyage à travers les âges, du muet au parlant, de Buster Keaton à Leonardo di Caprio, est aussi un voyage autour de la Terre, d’Hollywood à Paris, en passant par l’Angleterre de Hugh Grant, l’Italie de Sofia Loren et de Marcello Mastroianni, le Japon de Toshirô Mifune.

Il serait tout à fait possible de contester les choix des auteurs et regretter l’absence, ou la présence, de telle ou telle actrice et de tel ou tel acteur. On pourrait également déplorer que certains cinémas ne soient pas représentés. Mais à quoi bon ? Présenter en 280 pages les portraits des acteurs majeurs du cinéma mondial impose des choix. Les critères retenus sont forcément subjectifs, comme, d’ailleurs, la notion même de «star». Autant ne pas chipoter, et accepter de se laisser guider par les auteurs.

Les photos, photogrammes plutôt puisqu’il s’agit sans exception de clichés extraits de films, sont superbes. C’est d’ailleurs là la principale qualité de l’ouvrage. Dommage que les textes ne soient pas à la hauteur des images qui les illustrent : le propos est le plus souvent anecdotique et trivial : d’aimables banalités sur la vie et le physique de la «star». «Joan Crawford, c’est d’abord deux yeux immenses et sombres, une silhouette androgyne», ou, dans la double page consacrée à Sofia Loren : «Il faut dire que la jeune fille a quelques arguments à faire valoir : un regard de biche, aux yeux en amande, et un corps de rêve». De temps à autre, sans quitter les… clichés, quelques citations desdites «stars» pointent, ainsi Michelle Pfeiffer déclarant : «Ce qui m’a stimulée, c’est le désir de prouver que j’étais capable de dépasser les limites qu’on m’avait assignées». Sans oublier les témoignages lénifiants des confrères : «De toutes les actrices modernes, seule Faye Dunaway a le courage d’être une vraie star», affirme Joan Crawford. Les titres sont du même acabit. Tom Cruise devient «Le golden boy triomphant», banalité qui tourne parfois au sexisme lorsque la pauvre Michelle Pfeiffer se retrouve affublée d’un gracieux «Les hommes préfèrent les blondes».

En vérité, un rapide coup d’œil sur la table des matières suffit pour saisir la nature du propos. Les douze catégories dans lesquelles les auteurs se sont efforcés d’enfermer acteurs et actrices sont autant d’images préconstruites : «Trop belles pour toi» , «Femmes de tête», «Créatures de rêve», «Fragiles héroïnes», «Tout simplement adorables», «Tant qu’il y aura des hommes», «Des clowns de génie», «Gueules d’amour», «Vilains messieurs», «Hommes aux mille visages», «Durs à cuire», «Des hommes d’exception». Certes, il fallait bien trouver un principe général de classement pour composer la table des matières, mais les choix adoptés semblent bien réducteurs. Là encore, on frise le sexisme et la misogynie ; soupçons d’ailleurs confirmés par les explications placées en introduction : relevons donc au passage que les «Femmes de tête» sont celles «qui se mesurent au sexe fort» tandis que les «Fragiles héroïnes» «ont fait chanceler les plus virils»...

Mais à trop regarder ce bel ouvrage avec les yeux d’un aficionado des Cahiers du cinéma, on oublie que Nos stars de toujours fait partie de ces objets à regarder et feuilleter, l’occasion d’un présent pour les fêtes...

Raphaël Muller
( Mis en ligne le 10/11/2004 )
Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024



www.parutions.com

(fermer cette fenêtre)