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Bande dessinée  ->  Historique  
 

L’Espagne des vaincus
Jaime Martin   Jamais je n’aurai 20 ans
Dupuis - Aire Libre 2016 /  24 € - 157.2 ffr. / 112 pages
ISBN : 9782800169316
FORMAT : 24x32 cm
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La Guerre d’Espagne laisse un goût amer dans l’histoire européenne, tout bêtement parce que c’est une victoire des généraux putschistes, et du fascisme, leur allié… et cela dans une relative indifférence des démocraties, trop pusillanimes (la France) ou franchement attentistes (la Grande Bretagne). Bref, un traumatisme récurrent, un abcès persistant, notamment en Espagne où la question demeure relativement taboue jusque dans les milieux universitaires. Alors pour comprendre cette réalité et ce trauma, il est sans doute bon de partir de la base, du plancher, de la vie des individus plutôt que de celle des principes, aussi nobles soient-ils. Avec le nouvel album de Jaime Martin (Les guerres silencieuses), c’est une évocation à la fois réaliste et impressionniste de la guerre d’Espagne, fondée sur le récit des grands parents de l’auteur, Jaime et Isabel.

On commence par Isabel, modiste à Melilla, qui rêve de haute couture… et d’apprendre à lire. Dans une société encore très clivée, entre bourgeoisie et petit peuple, elle rencontre un groupe de jeunes gens proches de l’anarchisme et des syndicats, ils sont gais, entraînants et l’initie à une liberté nouvelle… de mauvaises fréquentations pour les élites locales… et quand la rébellion éclate, Isabel découvre immédiatement le prix sanglant de cette liberté revendiquée. Fuyant jusqu’à Barcelone, elle y rencontre Jaime, dont on suit l’histoire en parallèle : boxeur amateur et artilleur amateur, Jaime apporte au camp républicain son enthousiasme et une noblesse de cœur que les événements vont heurter. Traversant la guerre avec son escouade, Jaime connait les combats, les bombardements, la dure vie du cantonnement… et la défaite. Mais la défaite n’est pas le pire : après viennent les règlements de compte, la basse vengeance des vainqueurs, les persécutions, les exécutions… Survivant de petits trafics, Jaime et Isabel apprennent à faire profil bas, à dissimuler leur jeunesse et leurs idéaux, à composer avec les pénuries, la corruption inhérente au régime franquiste, le sadisme et la suffisance des valets du régime. Mais il reste la mémoire, la mémoire obsédante des dénonciations, des souffrances… et la question de savoir si il faut oublier, ou transmettre cette mémoire des vaincus à leurs filles, de manière à préserver une dignité que la défaite voulait raboter.

Si vous voulez comprendre quelque chose à la guerre civile espagnole et à ses enjeux, jusqu’à aujourd’hui, cet album est une excellente option : en partant de deux destins ballotés par la guerre, on aboutit à une fresque, où l’histoire et la mémoire collaborent , servies par le pinceau vif et souple de Jaime Martin. Si l’émotion affleure, elle ne se voile pas de fausse pudeur, et le spectacle de la mort, sans fard, témoigne des réalités de la guerre, des horreurs et des injustices. Pas de manichéisme facile non plus, il y a des gens biens et des médiocres de chaque côté, mais le paysage de l’après guerre, avec ces persécutions, donne un sens à toute la fresque. Jaime Martin fait, une fois de plus, la démonstration d’un immense talent de conteur et de dessinateur, subtil, fin, sensible aux hommes comme aux atmosphères, aussi à l’aise dans l’intimisme que dans le « spectacle » de la guerre (cf. les pages consacrées aux bombardements italiens). Un magnifique roman graphique, qui passionnera les amateurs de BD historique, séduira les fans d’une grande fresque familiale, et intéressera tout simplement ceux qui veulent comprendre l’Homme et ses mystères. Incontournable.


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 16/12/2016 )
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