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Bande dessinée -> Manga |
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Ou quand la passivité confine à la mortification… | | | Yamada Naito Beautiful world Carabas - Alternative 2004 / 10,50 € - 68.78 ffr. / 156 pages ISBN : 2-914203-66-7 FORMAT : 11x18 cm Imprimer
Cest un étrange et dérangeant manga que nous propose ici Yamada Naito, qui, par son caractère inqualifiable, donne tout son sens au terme de «manga indépendant». Cest au travers dun univers triste et sale, poisseux comme un lendemain de fête, que lauteur nous retrace une succession de tranches de vie sans réel intérêt où évoluent une galerie de personnages désabusés et dépressifs. Ces êtres paumés, marginalisés et complètement à la masse, portent bien souvent en eux un terrifiant potentiel psychopathique, image terne et souillée dune jeunesse passablement perturbée.
Ne vous fiez donc pas au très ironique titre de ce one shot : Naito nous renvoie à un monde sordide, et létonnante brochette dallumés dégingandés qui hantent son uvre, se veut la quintessence de la misère humaine. Ici, aucune vision davenir ne fait surface, seul le désarroi habite ses anti-héros émaciés : «Moi je vis en pensant au lendemain qui vient. Elle, elle vit plutôt en remerciant le lendemain qui est venu», pense par exemple Alex de sa charmante amie suicidaire
Beautiful world, porté par un scénario «dépressogène» à lhumour grinçant, où se débattent des êtres creux, se révèle ainsi un doux mélange de dérision, de désenchantement et de décadence élégante. Les protagonistes, caisses de résonance dun monde froid et lisse comme du papier glacé, sont aux prises avec un perpétuel vertige et ne semblent aspirer à rien dautre quau néant. Et puisque «le jour où tarrives à devenir un parfait hypocrite, tu peux devenir adulte», il ne reste décidément que le rêve pour échapper à un quotidien hostile, sous un ciel plombé. Cette très underground apologie du vide démontre avec éclat comment une histoire qui na jamais vraiment commencé ne finit jamais vraiment non plus.
Océane Brunet ( Mis en ligne le 05/01/2005 ) Imprimer | | |
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