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Histoire & Sciences sociales -> Sociologie / Economie |
| Eric Verhaeghe Au cœur du MEDEF - Chronique d’une fin annoncée Jacob-Duvernet 2011 / 20 € - 131 ffr. / 287 pages ISBN : 978-2-84724-357-4 FORMAT : 15,4cm x 24,1cm Imprimer
Ancien élève de lEna (promotion Copernic), Eric Verhaeghe vient de publier une enquête intitulée Au cur du MEDEF. Chronique dune fin annoncée. Paru aux éditions Jacob Duvernet, cet intéressant ouvrage se penche sur le syndicat des patrons français. Dans ce récit, avec des mots simples et percutants, Eric Verhaeghe explique les raisons qui ont dicté son départ du MEDEF au cours du mois de janvier 2011. Finement, il analyse aussi les lignes forces de notre modèle social.
Pour lauteur, le MEDEF serait la toute dernière institution qui «pratique sans complexe la lutte des classes». Bref, un brillant fait darme puisque même «le PCF nen parle plus». A cet égard, comme il lindique au début de son introduction, Eric Verhaeghe aurait été très tôt considéré comme un «bolchevik» dans les rangs du patronat hexagonal ! Ce que lauteur récuse, même sil ne dissimule pas pour autant son ardent désir dune «réforme en profondeur du capitalisme, et sa recomposition autour dun modèle durable et satisfaisant pour un développement équilibré de nos civilisations».
Dans cet essai sans concession, lhomme à la réputation sulfureuse dans le milieu des patrons français souhaite notamment sexpliquer sur son départ du MEDEF. Ce choix, lauteur le défend. Tout au long du livre, il lexplique principalement sous langle chronologique. Ce faisant, «avec un souci constant de sincérité», armé dhumilité et aussi transparent que faire se peut, Eric Verhaeghe entend laisser le lecteur se forger sa propre opinion sur les faits et analyses quil relate.
Loin de sattarder sur les querelles de personnes, lauteur a pris le parti de consacrer les pages de son ouvrage à «des sujets bien plus graves», car la crise économique et financière de 2008 parait ne pas avoir donné lieu à «une prise de responsabilité satisfaisante de nos élites, de sorte que trois ans après la survenue de cette crise, les mécanismes qui lont causée sont encore à luvre». En effet, «les pertes subies alors par les opérateurs privés ont été épongées par les finances publiques des États industrialisés et ceux-là même qui ont détruit de la valeur en spéculant de façon irresponsable spéculent aujourdhui, pour senrichir, sur la faillite des États qui les ont sauvés du naufrage».
A cet égard, Eric Verhaeghe rappelle que, pour refonder le modèle social français, lUMP souhaitait notamment créer un cadre unique pour le contrat de travail, qui serait à la fois souple et flexible. Il sagissait alors détablir une «flexisécurité» à la française. Toutefois, demblée, le MEDEF a semblé hostile à toute réforme pourtant salutaire - allant dans cette direction. Le problème de caisses noires à lUIMM aurait contribué à retarder lavancée de ce dossier pourtant présenté comme un moyen de revitaliser léconomie hexagonale. La réforme de la représentativité syndicale serait, quant à elle, restée lettre morte.
Lordre social se trouverait donc déréglé. Cest pourquoi lauteur sinterroge sur la résolution de léquation du travail et du financement des droits et avantages liés au travail. Daprès Eric Verhaeghe, la volonté de réformer notre organisation sociale serait défaillante. La question de ladaptation de lédifice de 1945 aux besoins de notre temps serait urgente. Cependant, comme les grandes organisations syndicales se trouvent être liées aux organisations paritaires pour garantir leur financement, ces réformes seraient tout simplement bloquées. Le financement des organisations syndicales serait donc le préalable à toute réforme. Celui-ci devrait être analogue à celui des partis politiques.
Jean-Paul Fourmont ( Mis en ligne le 02/11/2011 ) Imprimer | | |
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