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Sortis de la nuit des temps, les Mongols... | | | Claire Sermier Etienne Dehau Mongolie - la Vallée du Grand Ciel
Vents de sable 2000 / 54.96 € - 359.99 ffr. / 178 pages
ISBN : 2-913252-02-8
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Lecteur pressé, en quête d'exotisme facile, s'abstenir. Fidèle reflet du pays qu'il dépeint, ce très beau livre est exigeant. Il faut lui consacrer du temps, de l'attention, et se livrer à une sorte de lecture empathique. C'est qu'ici images et textes procèdent de concert, avec un seul objectif : tenter d'approcher l'âme mongole. Sans tricher, sans dénaturer le propos par une recherche de pittoresque, de spectaculaire. Les auteurs tournent ainsi résolument le dos au recueil de belles images mal légendées, tout juste bon à faire de la figuration sur la table basse.
Sortis de la nuit des temps, les Mongols ont traversé l'Histoire, se déployant au XIIIè siècle sous Gengis Khan jusqu'au flanc Est de l'Europe. Ils subirent ensuite les jougs mandchou et russe, sans pour autant perdre leur âme, et vivent aujourd'hui entre république de Mongolie, Chine et Russie. C’est à leur culture, très particulière, que Claire Sermier s'attache dans son texte, la décrivant de façon suggestive.
Qu'on imagine ces pasteurs-nomades, ne faisant qu'un avec leur cheval, parcourant les étendues infinies de la steppe ou de la taïga: ils poussent devant eux leurs troupeaux de "museaux froids" -chèvres, bovins ou chameaux- ou de "museaux chauds" -chevaux ou moutons. Vers les meilleurs pâturages toujours, car ils déchiffrent les moindres signes à la surface des ces étendues quasi désertiques. Les voici se réfugiant sous la yourte, véritable ancre dans l'infini et dans la bourrasque, assemblage démontable de bois et de feutre, dont l'univers intérieur est un vrai microcosme soumis à de très nombreuses règles de préséance. Malheur à qui piétine le seuil ! C'est que tout un univers de mythes, de légendes et de symboles relient les Mongols au monde, au temps et à l'espace et imprègnent la vie quotidienne dans ses moindres détails. Et si l'on s'étonne qu'un tel peuple ait pu susciter pareille terreur en Occident, l'auteur explique son esprit de conquête par son sentiment d'appartenance au monde dans sa totalité.
Ce ne sont là que quelques coups de projecteurs sur une culture d'une grande richesse que l'on découvrira beaucoup plus en détails dans cet ouvrage très bien documenté ; qu'il s'agisse d'art, de répertoire ornemental, de coutumes, de récits, il s'attache toujours à dévoiler le sens symbolique des choses derrière leur simple apparence.
Les photos d'Etienne Dehau sont en osmose avec cette quête. Elles n'éludent en rien l'âpreté, voire la monotonie de ces terres de Mongolie. A l'écart de toute recherche esthétique superficielle, elles tendent à camper les paysages, les hommes, les animaux comme des archétypes. Un souci que relève la pertinence d’un choix de citations littéraires et de proverbes mongols.
Ces pages sont une bien belle invitation au voyage dans l'univers extérieur mais plus encore intérieur d'un peuple singulier. Elles incitent aussi à la réflexion, démontrant que les civilisations ne se nourrissent pas que de technologie et de profit !
Florence Trocmé
( Mis en ligne le 11/01/2001 )
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