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Films -> Drame |
Wild Wild West avec Joel et Ethan Coen, Tommy Lee Jones, Javier Bardem, Josh Brolin Paramount 2008 / 19.99 € - 130.93 ffr. Durée film 122 mn. Classification : - 12 ans | Sortie Cinéma, Pays : États-Unis, 2007
Sortie DVD : Septembre 2008
Version : DVD 9, Zone 2
Format vidéo : PAL, format 2.35
Format image : Couleurs, 16/9 compatible 4/3
Format audio : Anglais, Français, Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français, Anglais
Bonus :
- Travailler avec les frères Coen
- No Country For Old Men : Le Making Of
- Journal dun Shérif Imprimer
On avait tort de sinquiéter. Avec No Country For Old Men, les frères Coen reviennent à leur meilleur niveau, faisant oublier les tout juste sympathiques comédies qui précédaient (Intolérable Cruauté et Ladykillers).
Certes, il ne sagit plus cette fois encore dun scénario original de la fratrie, mais en adaptant le roman de Cormac McCarthy, Joel et Ethan Coen ont dû se sentir en terrain connu, un peu comme chez eux. Au point même que certains dialogues typiquement Coenien entendus dans le film se révèlent après vérification faire partie de luvre originale, copiés-collés instantanés. Et si quelques passages sont éludés (les interventions du shérif sur le temps qui passe et sur son métier sont réunies en début et fin de film au lieu dêtre dispersées au fil du récit), la construction générale est, quasiment à la séquence près, identique. Lécriture de McCarthy, sèche et aride, devient donc parfait synopsis pour les Coen qui font de ces mots de superbes scènes, qui mettent des visages et quels visages ! - sur des personnages de papier, et font de quelques passages linéaires de véritables scènes danthologie, connaissant leur cinéma de genre sur le bout de lobjectif et sachant joliment jouer de lellipse et de ce qui doit rester hors-champ. Une petite leçon des deux frangins pour donner au final un vrai film noir, sec et rude et, pourquoi pas, déjà un classique.
Nous sommes au Texas, sous le soleil blanc qui écrase la rocaille et le sable du désert. Llewelyn Moss (Josh Brolin), un bon type du coin sans histoire, vétéran du Vietnam («The Nam»), tombe au cours dune partie de chasse sur les restes dun règlement de comptes sanglant. Pas très loin des cadavres et dune cargaison de drogue, il finit par dénicher une sacoche remplie de billets. Moss pense à sa vie, à sa femme et à sa pauvre caravane paumée qui lui sert de toit. Voilà loccasion rêvée de prendre un nouveau départ. Mais rien nest si simple évidemment, et en semparant de cet argent pas très propre, Moss plonge dans un pétrin pas possible.
Une autre partie de chasse commence, du Texas au Mexique, dun motel à lautre, sur des grandes routes désertes, des banlieues abandonnées, ou des villes nocturnes que rien ne réveille, pas même une fusillade acharnée. LAmérique des frères Coen est habituée à la violence, elle sy repaît, elle en fait sa raison de vivre, et son pouvoir dachat est toujours présent lorsquil sagit daller chercher un fusil au quincailler du coin.
Parangon de cette violence arbitraire et démentielle, Anton Chigurh (Javier Bardem, exceptionnel), véritable psychopathe, colosse impassible à la coiffure différente, entre Mireille Mathieu et un premier de la classe, manquant singulièrement dhumour et peu enclin à faire ami-ami avec son prochain. Avec sa bonbonne à air comprimé, son regard torve et ses réflexions philosophico-tordues, en voilà un qui rentre directement dans la fine équipe des plus grands méchants de lhistoire du cinéma.
Plus loin, en retard, et littéralement dépassé, il y a le shérif Ed Tom Bell (Tommy Lee Jones, impérial). Cest un shérif à papa, un gars avec des valeurs, plus habitué à faire la morale à de mauvais conducteurs quà traquer les trafiquants de drogue qui sentretuent près de la frontière. Nous sommes en 1980, le monde change. Comme chaque jour.
Derrière ses faux airs de simple film daction, No Country For Old Men possède une puissance qui sinfiltre à tous les niveaux de sa construction. Si les frères Coen ont lhabitude de peaufiner les détails, on les sent ici particulièrement attentifs à ne rien laisser sur le bas-côté : soignant tout autant leurs cadrages sans tomber dans la carte postale, le rythme du film plutôt lent et surprenant (étonnante ellipse en fin de parcours qui vient bousculer les conventions du genre), et la galerie des personnages, toujours une spécialité chez les Coen. On remarque aussi une certaine réserve dans la mise en scène, comme si les grands espaces donnaient une envie dépure et de plus grande transparence. La partition est minimale, accompagnant ainsi au mieux ce polar sec et tranchant : les mouvements de caméra se font discrets, le découpage serré, et la musique (de linamovible complice Carter Burwell) est réduite à la portion congrue de quelques notes encordées suspendues dans lair étouffant. Lécriture sèche et brutale de McCarthy sincarne littéralement dans ces plans aérés, cette cadence à contre-pied, presque monotone, et dans ces dialogues récités par des trognes impayables.
Le tout est dune cohérence sans faille, laridité du pays texan des premières scènes répondant à la violence qui se déchaîne par la suite, prouvant que, décidément, ce pays, de nimporte quel bout quon le prenne, nest vraiment pas bon pour le vieil homme ! Et quil nest dailleurs bon pour personne. Quelques courtes scènes posent le couple comme dernier rempart devant lhorreur : dun côté Llewelyn et Carla Jean, de lautre le shérif et sa femme, filant un doux bonheur ronronnant dhabitude et de douce entente. Romantiques les frères Coen ? Ny avait-il pas déjà dans Fargo limage du couple idéal, familier et douillet, autour duquel le monde semblait sécrouler ? Ces brefs passages apportent un peu dair à une uvre où les lendemains ne chantent plus. Moins drôle que les précédents films des frères Coen, on retrouve là lesprit de Blood Simple, leur premier petit bijou, qui déroulait déjà un drame macabre à plusieurs personnages perdus au fond du Texas, sous les cieux trop grands dune Amérique décomposée. Ce retour aux sources boucle la boucle, vingt ans après de bons et loyaux services rendus au cinéma.
Pour une fois, les Américains ne se sy sont pas trompés, voyant dans ce miroir non déformant un terrible mais juste constat ; flattés malgré tout de sy retrouver, ils ont récompensé le film de quatre oscars, dont celui du meilleur film.
Cette édition DVD comprend trois bonus inutiles, façon presse promos kit avec quelques plans pris sur le tournage, et beaucoup dautocongratulation fadasse. Quimporte, lessentiel est ailleurs, contenu dans chaque plan ou presque de ce petit chef-duvre.
Alexis Laballery ( Mis en ligne le 26/09/2008 ) Imprimer
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