L'actualité du livre Lundi 29 avril 2024
  
 
     
Films  ->  

Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un réalisateur/acteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Films  ->  Drame  
Wild Wild West
avec Joel et Ethan Coen, Tommy Lee Jones, Javier Bardem, Josh Brolin
Paramount 2008 /  19.99  € - 130.93 ffr.
Durée film 122 mn.
Classification : - 12 ans

Sortie Cinéma, Pays : États-Unis, 2007
Sortie DVD : Septembre 2008

Version : DVD 9, Zone 2
Format vidéo : PAL, format 2.35
Format image : Couleurs, 16/9 compatible 4/3
Format audio : Anglais, Français, Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français, Anglais


Bonus :
- Travailler avec les frères Coen
- No Country For Old Men : Le Making Of
- Journal d’un Shérif

Imprimer


On avait tort de s’inquiéter. Avec No Country For Old Men, les frères Coen reviennent à leur meilleur niveau, faisant oublier les tout juste sympathiques comédies qui précédaient (Intolérable Cruauté et Ladykillers).

Certes, il ne s’agit plus cette fois encore d’un scénario original de la fratrie, mais en adaptant le roman de Cormac McCarthy, Joel et Ethan Coen ont dû se sentir en terrain connu, un peu comme chez eux. Au point même que certains dialogues typiquement Coenien entendus dans le film se révèlent après vérification faire partie de l’œuvre originale, copiés-collés instantanés. Et si quelques passages sont éludés (les interventions du shérif sur le temps qui passe et sur son métier sont réunies en début et fin de film au lieu d’être dispersées au fil du récit), la construction générale est, quasiment à la séquence près, identique. L’écriture de McCarthy, sèche et aride, devient donc parfait synopsis pour les Coen qui font de ces mots de superbes scènes, qui mettent des visages – et quels visages ! - sur des personnages de papier, et font de quelques passages linéaires de véritables scènes d’anthologie, connaissant leur cinéma de genre sur le bout de l’objectif et sachant joliment jouer de l’ellipse et de ce qui doit rester hors-champ. Une petite leçon des deux frangins pour donner au final un vrai film noir, sec et rude et, pourquoi pas, déjà un classique.

Nous sommes au Texas, sous le soleil blanc qui écrase la rocaille et le sable du désert. Llewelyn Moss (Josh Brolin), un bon type du coin sans histoire, vétéran du Vietnam («The Nam»), tombe au cours d’une partie de chasse sur les restes d’un règlement de comptes sanglant. Pas très loin des cadavres et d’une cargaison de drogue, il finit par dénicher une sacoche remplie de billets. Moss pense à sa vie, à sa femme et à sa pauvre caravane paumée qui lui sert de toit. Voilà l’occasion rêvée de prendre un nouveau départ. Mais rien n’est si simple évidemment, et en s’emparant de cet argent pas très propre, Moss plonge dans un pétrin pas possible.

Une autre partie de chasse commence, du Texas au Mexique, d’un motel à l’autre, sur des grandes routes désertes, des banlieues abandonnées, ou des villes nocturnes que rien ne réveille, pas même une fusillade acharnée. L’Amérique des frères Coen est habituée à la violence, elle s’y repaît, elle en fait sa raison de vivre, et son pouvoir d’achat est toujours présent lorsqu’il s’agit d’aller chercher un fusil au quincailler du coin.

Parangon de cette violence arbitraire et démentielle, Anton Chigurh (Javier Bardem, exceptionnel), véritable psychopathe, colosse impassible à la coiffure différente, entre Mireille Mathieu et un premier de la classe, manquant singulièrement d’humour et peu enclin à faire ami-ami avec son prochain. Avec sa bonbonne à air comprimé, son regard torve et ses réflexions philosophico-tordues, en voilà un qui rentre directement dans la fine équipe des plus grands méchants de l’histoire du cinéma.

Plus loin, en retard, et littéralement dépassé, il y a le shérif Ed Tom Bell (Tommy Lee Jones, impérial). C’est un shérif à papa, un gars avec des valeurs, plus habitué à faire la morale à de mauvais conducteurs qu’à traquer les trafiquants de drogue qui s’entretuent près de la frontière. Nous sommes en 1980, le monde change. Comme chaque jour.

Derrière ses faux airs de simple film d’action, No Country For Old Men possède une puissance qui s’infiltre à tous les niveaux de sa construction. Si les frères Coen ont l’habitude de peaufiner les détails, on les sent ici particulièrement attentifs à ne rien laisser sur le bas-côté : soignant tout autant leurs cadrages sans tomber dans la carte postale, le rythme du film plutôt lent et surprenant (étonnante ellipse en fin de parcours qui vient bousculer les conventions du genre), et la galerie des personnages, toujours une spécialité chez les Coen. On remarque aussi une certaine réserve dans la mise en scène, comme si les grands espaces donnaient une envie d’épure et de plus grande transparence. La partition est minimale, accompagnant ainsi au mieux ce polar sec et tranchant : les mouvements de caméra se font discrets, le découpage serré, et la musique (de l’inamovible complice Carter Burwell) est réduite à la portion congrue de quelques notes encordées suspendues dans l’air étouffant. L’écriture sèche et brutale de McCarthy s’incarne littéralement dans ces plans aérés, cette cadence à contre-pied, presque monotone, et dans ces dialogues récités par des trognes impayables.

Le tout est d’une cohérence sans faille, l’aridité du pays texan des premières scènes répondant à la violence qui se déchaîne par la suite, prouvant que, décidément, ce pays, de n’importe quel bout qu’on le prenne, n’est vraiment pas bon pour le vieil homme ! Et qu’il n’est d’ailleurs bon pour personne. Quelques courtes scènes posent le couple comme dernier rempart devant l’horreur : d’un côté Llewelyn et Carla Jean, de l’autre le shérif et sa femme, filant un doux bonheur ronronnant d’habitude et de douce entente. Romantiques les frères Coen ? N’y avait-il pas déjà dans Fargo l’image du couple idéal, familier et douillet, autour duquel le monde semblait s’écrouler ? Ces brefs passages apportent un peu d’air à une œuvre où les lendemains ne chantent plus. Moins drôle que les précédents films des frères Coen, on retrouve là l’esprit de Blood Simple, leur premier petit bijou, qui déroulait déjà un drame macabre à plusieurs personnages perdus au fond du Texas, sous les cieux trop grands d’une Amérique décomposée. Ce retour aux sources boucle la boucle, vingt ans après de bons et loyaux services rendus au cinéma.

Pour une fois, les Américains ne se s’y sont pas trompés, voyant dans ce miroir non déformant un terrible mais juste constat ; flattés malgré tout de s’y retrouver, ils ont récompensé le film de quatre oscars, dont celui du meilleur film.

Cette édition DVD comprend trois bonus inutiles, façon presse promos kit avec quelques plans pris sur le tournage, et beaucoup d’autocongratulation fadasse. Qu’importe, l’essentiel est ailleurs, contenu dans chaque plan ou presque de ce petit chef-d’œuvre.


Alexis Laballery
( Mis en ligne le 26/09/2008 )
Imprimer

A lire également sur parutions.com:
  • Jambon Jambon
       de Bigas Luna
  •  
    SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

     
      Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
    Site réalisé en 2001 par Afiny
     
    livre dvd