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Littérature -> Biographies, Mémoires & Correspondances |
| Louis-Paul Astraud Jean Genet, une jeunesse perdue Au Diable Vauvert - A 20 ans 2010 / 12 € - 78.6 ffr. / 151 pages ISBN : 978-2-84626-252-1 FORMAT : 13cm x 19,6cm Imprimer
Nous célébrons en ce mois de décembre le centenaire de la naissance de lauteur de Querelle de Brest. Biographies, témoignages, correspondances inédites et rééditions voient donc le jour en cette période qui ira jusquà mars prochain où cela fera 25 ans que Genet mourait.
Le Diable Vauvert en profite donc pour inclure dans sa collection «à 20 ans» une histoire de la jeunesse de lécrivain. Et lorsque lon sait quelle fut quelque peu perturbée, pareille collection remplit son contrat ! Car qui dautre que lui pouvait symboliser autant la formation littéraire sur le terrain de la vie ?
Il apparaît assez clairement que Genet (1910-1986) a puisé dans sa jeunesse pour édifier son uvre qui commence réellement en 1942 alors quil est en prison. Il a alors 32 ans et pas mal de déboires derrière lui. Cest ce qui intéresse Astraud pour honorer cette collection. Il revient donc sur une série (non exhaustive sûrement) dengagements militaires, de désertions, darrestations, demprisonnement, de vagabondages, de travaux divers et variés allant de 1926 (date de son entrée dans la colonie agricole de Mettray ) à 1936 lors dune énième désertion de larmée.
En fait, Genet est pupille de l'Etat. Abandonné par sa mère trop démunie pour sen occuper et de père inconnu, il va passer dassistante publique en foyer social, du pensionnat à larmée, puis de la liberté à lemprisonnement. Avec nombre de séjours sur les routes (En Espagne notamment, mais aussi à Paris, Marseille), vivant de vols, de petits trafics et autres moyens de débrouille. Astraud ne lésine pas sur le catalogue, tout en préférant une narration en boucle, évitant toute chronologie. Ce qui lasse parfois le lecteur décontenancé car il doit à la fois suivre ce personnage insaisissable et roublard tout autant que les dates qui se mélangent entre enfance, adolescence et début de la jeunesse.
Mais cest bel et bien le Genet posthume que lon reconnaît ici à 20 ans. Menteur professionnel, homosexuel convaincu, solitaire malgré lui, le futur écrivain va puiser dans ses voyages et ses geôles la formation intellectuelle puis la matière première de son uvre romanesque. Le voyage est rude tout comme lest la chronologie de Astraud ; peut-être pour y faire une mise en abîme. En tout cas Jean Genet, qui nest pas sans rappeler Maurice Sachs par certains égards (fréquentation de Gide, puis Cocteau, vols de livres, homosexualité, romans autobiographiques, etc.), laisse un parcours chaotique dans le monde des livres, et cest aussi pour cela quil est devenu, y compris dans son uvre, un véritable personnage de roman.
Henri-Georges Maignan ( Mis en ligne le 06/12/2010 ) Imprimer
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