|
Littérature -> Poésie & théâtre |
| |
Remettre cent fois l’ouvrage sur le métier | | | Thomas Ostermeier Sylvie Chalaye Thomas Ostermeier Actes Sud - Mettre en scène 2006 / 8 € - 52.4 ffr. / 65 pages ISBN : 2-7427-6110-1 FORMAT : 10,5cm x 19,0cm
L'auteur du compte rendu : Conservateur à la Bibliothèque nationale de France (Département des arts du spectacle), Cécile Obligi prépare un DEA sur lhistoriographie de la Révolution française. Imprimer
Le festival dAvignon va bientôt commencer, penchons nous donc sur lartiste associé de lédition 2005, Thomas Ostermeier. Cest Sylvie Chalaye qui nous en donne loccasion grâce à un petit ouvrage synthétique, dense, et concis qui retranscrit les propos du metteur en scène, recueillis lors dentretiens menés lannée dernière. S. Chalaye, membre de lARIAS (Atelier de recherche sur lintermédialité et les arts du spectacle, rattaché au CNRS) et professeur à Rennes II où elle enseigne lhistoire du théâtre et lanalyse de la mise en scène, a fait précéder cette retranscription dune utile introduction retraçant la carrière de Thomas Ostermeier. Elle y brosse en quelques pages le portrait dun jeune metteur en scène qui a connu une ascension très rapide, accédant ainsi à une reconnaissance internationale.
Son apprentissage commence à lEcole supérieure dart dramatique Ernst-Busch à Berlin (1992-1996), où il est remarqué par le dramaturge du Deutsches Theater. Ce dernier propose en 1996 à T. Ostermeier de prendre la direction dun espace du Deutsches Theater, la Baracke, et de le transformer ainsi en salle de spectacle. Plutôt que den faire une salle classique, T. Ostermeier choisit den faire un lieu dexpérimentation où il monte des auteurs contemporains. Puis, à partir de 1999, il dirige la Schaubühne de Berlin avec la chorégraphe Sasha Waltz, y monte à la fois des classiques (pas seulement allemands) et des auteurs contemporains. Ce qui frappe dans ce bref portrait de T. Ostermeier, «cest sa capacité à ne jamais sinstaller, à sans cesse se renouveler pour toujours étonner le spectateur. Constamment dans la recherche et la remise en cause, le metteur en scène quil est na peur daucune exploration nouvelle.» (p.9)
Lentretien nous éclaire ensuite sur ses sources dinspiration (Eisenstein, Artaud, Brecht, Meyerhold notamment), son passage de la position dacteur à celle de metteur en scène, lévolution dans sa pratique de la mise en scène, le théâtre quil apprécie, la relation particulière quil cherche à établir avec le public, limportance primordiale du rythme (héritée de Meyerhold) ou encore les rapports entre théâtre et littérature. Ne retenons que deux points et laissons le lecteur découvrir le reste. Le primat de lacteur ressort très nettement de ses propos, cest dabord lui qui fait le théâtre loin devant tout le reste : «[
] la vraie force créative est la force des acteurs. Ce nest pas la force des idées ou la qualité dune approche conceptuelle qui fait la mise en scène. Le metteur en scène est dabord celui qui a le talent de faire advenir la force créative de lacteur [
].» (p.56) Cette idée revient tout au long de lentretien, cest autour de lacteur, du corps de lacteur que tournent les réflexions de T. Ostermeier. Enfin, le théâtre est pour Ostermeier un artisanat qui demande une recherche, un travail inlassable, comme le prouve la dernière phrase de louvrage : «Je suis plutôt dans la tradition de lEurope de lEst, celle du labeur et de lapprofondissement. Pour atteindre lart, il faut beaucoup travailler, remettre cent fois son ouvrage sur le métier» (p.60).
Complété par des «repères biographiques» et par une courte bibliographie proposant une sélection darticles en français et en allemand, ce petit ouvrage de la nouvelle collection «Mettre en scène» dActes Sud, sans prétendre épuiser le sujet, nous donne quelques clés intéressantes de compréhension du travail dun important metteur en scène contemporain. Cest donc une réussite.
Cécile Obligi ( Mis en ligne le 05/07/2006 ) Imprimer | | |
|
|
|
|