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L’indiscret et sa discrète
avec Christian Vincent, Fabrice Luchini, Maurice Garrel, Judith Henry
Arte Vidéo 2006 / 22.99 € - 150.58 ffr.
Durée film 90 mn.
Classification : Tous publics |
Sortie Cinéma, Pays : 1990, France
Version : DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 1.66 (couleurs)
Format audio : Français (Dolby Digital 2.0)
Sous-titres : Sans
Bonus :
Entretien avec Fabrice Luchini, 2006 (21 mn)
Genèse du film par le réalisateur, 2006 (5 mn)
Les essais de Judith Henry, 1990 (9 mn)
Récompensé par le Prix de la Critique au Festival de Venise en 1990 et par trois Césars en 1991 (Meilleur espoir féminin, Judith Henry - Meilleur scénario original, Christian Vincent et Jean-Pierre Ronssin - Meilleur premier film, Christian Vincent)
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Cela commence sur le quai de la gare de Lyon : Antoine, écrivain un peu dandy, un peu bohème, compte faire une surprise à sa dulcinée en venant la quérir à larrivée de son train
Hélas, elle est déjà accompagnée et lui annonce, sur ses entrefaits, son congé sentimental. Brutal, un peu rude mais efficace, ô combien ! Puis, la voix de Fabrice Luchini, narrateur et acteur : pas le lecteur envoûtant de Céline et de La Fontaine, ni le fléau de Pivot, mais lacteur quasi débutant, pas encore connu, déjà inspiré, à mi-chemin entre Guitry et Jouvet, un peu décalé, presque réactionnaire. Enfin, cest la B.O. : une petite musique au piano, un thème léger, à peine un effleurement de notes, mais entêtant et bientôt identifiable ; tous ceux qui ont vu (et aimé) La Discrète reconnaîtront entre mille ce morceau simple et obnubilant. Et laffiche (une cartographie des grains de beauté de lhéroïne et de leur dénomination), géniale, tout simplement
«Une histoire banale», résume lami éditeur dAntoine ; «jen ai bien peur», constate ce dernier. Mais Antoine a décidé de se venger, en séduisant une femme, une anonyme, quil abandonnera à terme, toute transie damour pour lui
Cette malheureuse élue, recrutée sur annonce, surnommée «la discrète», ne paie a priori pas de mine, et lentreprise de séduction ne saurait faire de difficultés
mais, schéma classique (ah, Mr de Valmont
), le séducteur est peu à peu séduit, à son projet défendant
Heureusement, une conscience extérieure veille à la pûreté de cette vengeance. Les Liaisons dangereuses, en version XXe siècle et germanopratine.
Revoir La Discrète après 16 années, cest se replonger instantanément dans ces années 90 au charme déjà suranné : Fabrice Luchini nest pas encore «Luchini», cest à dire quil a plus de cheveux, moins décharpes et se plie à peu près à une discipline
mais il a déjà cette folie et cette diction si maniérée, gourmande de mots. Judith Henry a ce côté touchant, gracile de la victime malgré elle, mal fagotée, extrêmement désirable. Maurice Garrel, en mauvais génie, fait merveille, à la fois délicat, érudit et vicieux.
Stephen Frears sortait dans la foulée Les Liaisons dangereuses (autre révélation) et le public se délectait alors des tourments du cur et de la raison à la sauce XVIIIe, tendance Crébillon fils et autres Laclos. La Discrète sinscrivait dans cette veine, en film français simple et subtil à la fois, avec une histoire, de vrais dialogues ciselés, des personnages travaillés et un décor (musical). Un peu inclassable du reste : drame romantique ou comédie douce-amère ? Si lambiguïté subsiste en 2006, le talent est là également, indiscutable.
Peu de bonus pour cette réédition quasi sêche, mais un incontournable : la relecture du film, 16 ans après, par F. Luchini. Le monologue est assez amusant : sans pouvoir sempêcher de rejouer, ou de développer son ancien rôle, lacteur, plus sobre quà lhabitude, révèle quelques improvisations - une marque de fabrique, de Fabrice... - et raconte le tournage, re-situe le film dans sa carrière (qui la lance et lui ouvre grandes les portes des studios), retrouve le bonheur du texte déclamé («une partition jouissive») avec une emphase légère. Cette légèreté qui nimbe lensemble. Souvenirs, souvenirs
Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 08/06/2006 )
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