| Philippe Grimbert Nom de dieu ! Le Livre de Poche 2015 / 6,30 € - 41.27 ffr. / 184 pages ISBN : 978-2-253-18273-3 FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm
Première publication en mai 2014 (Grasset) Imprimer
Baptiste est cadre, plutôt heureux, dans une entreprise de confiserie. Marié à Constance, père de deux petites filles, Jeanne et Bernadette, il semble taillé pour un bonheur simple et familial, estimable mais peu propice aux intrigues littéraires
Mais Baptiste a aussi une foi ardente, qui alimente une générosité non moins exacerbée jusquà la candeur. Compatissant avec les malheurs de lespèce humaine en général, il cherche la douleur et la souffrance où quelles se nichent pour les affronter
partout sauf à la maison, où son épouse et ses filles simpatientent de ce père à lécoute de lhumanité tout entière... à leur seule exception. Et comme Dieu peut être taquin avec sa créature, Baptiste, tout pieux et compatissant quil soit, se trouve bientôt entraîné dans une spirale de malheurs qui font vaciller son couple, son travail, son apostolat même. Moderne Job sur un tas de fumier, saura-t-il suivre le modèle biblique, ou bien se révoltera-t-il contre ce destin si peu providentiel ?
La parabole de Job, adaptée au présent : cest ainsi quon pourrait, rapidement, résumer ce petit livre. Mais Philippe Grimbert (Un secret, Un garçons singulier, etc.) veut dabord samuser et tourne avec sa création comme le chat avec la souris : dans ses excès, Baptiste est plus comique, plus grotesque quémouvant. Cest un bipolaire de la foi, qui va dun abîme à lautre. Le début du roman commence donc comme une satire drolatique, le portrait dun catholique excessif dont la compassion va au-delà des normes humaines et même divines, et qui se heurte aux réalités de notre société : faux mendiants et vrais escrocs, patrons retors et collègues poissards, etc. Sa déchéance nen est que plus caustique et, soyons francs, les malheurs de Baptiste sont, dans un premier temps, dautant plus drôles que le personnage agace
Toutefois, lauteur peine à lui donner un final, et la reconversion un peu attendue de Baptiste vire au déballage de comptoir. Est-ce une nouvelle trop longue ou un roman trop court ? A laise dans ce portrait de famille en pleine déchéance, lauteur va toutefois un peu vite et le lecteur peut parfois regretter de ne pas simmiscer davantage dans le quotidien de Baptiste et des siens. En outre, si le lecteur est immédiatement séduit par lintrigue et le ton initial, il peut être, dans le dernier tiers du livre, un peu plus en attente de rythme et de péripéties.
On samuse, on sourit dans ce petit roman gentiment troussé, qui aurait mérité peut-être un peu plus de profondeur et defforts.
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 18/05/2015 ) Imprimer
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