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Bande dessinée -> Revues, essais & documents |
| collectif Black (n° 3) Vertige Graphic Coconino Press 2005 / 15 € - 98.25 ffr. / 240 pages ISBN : 2-84999-009-4 FORMAT : 17 x 24 cm Imprimer
Avec son tranquille et régulier rythme de parution et plusieurs atouts dans ses pages, Black commence à simposer dans les esprits des bédéphiles comme une référence en matière de revue consacrée à ces fameuses avant-gardes « soft » pour reprendre le sous-titre (qui aura fait grincer quelques dents du côté de LAssociation
) du premier numéro. Il faut dire quIgort et son équipe rédactionnelle ont du nez pour aller dénicher quelques perles aux quatre coins du monde et que chaque numéro se lit toujours avec grand plaisir.
Comme tous les collectifs dignes de ce nom, linégal est au rendez-vous, mais cela fait partie du jeu et ce troisième numéro, quoique légèrement inférieur aux précédents, reste encore une fois dun haut niveau artistique et toujours aussi riche en découvertes. Cest la Corée qui est à lhonneur dans cet opus avec la présentation du travail de trois jeunes auteurs remarquables. On appréciera ainsi « Ma vie de famille à Séoul », lévocation quasi autobiographique dun quotidien difficile où laccession à la propriété est le but de toute une vie : Kim Dae-Joong raconte lhistoire dune famille largement inspirée de la sienne et les nombreux sacrifices faits avant dacquérir sa propre maison. Âpre et violemment humain, « Les Hommes de la mine » de Lee Kyung-Suk est particulièrement frappant et touche en plein cur. Avec un crayon devenu scalpel, lauteur ausculte les êtres et leurs angoisses les plus profondes. La maîtrise dun noir et blanc sec et qui ne cherche pas le joli, doublée dune constante recherche de cadrages photographiques et dun jeu sur les déformations anamorphiques, apportent un style vraiment singulier et fort. Sans doute le récit le plus réussi de ce recueil.
Lautre géniale découverte de ce numéro arrive dAngleterre : avec « Les Gardiens du royaume », Tom Gauld réalise un récit très drôle et prônant labsurde comme moteur du récit. 24 planches de pur bonheur servies par un graphisme très inventif malgré les contraintes que lauteur simpose lui-même (style naïf, hachures envahissantes
).
On retrouve aussi quelques auteurs présents dans les numéros précédents : la toujours délicate et envoûtante Gabriella Giandelli, Sergio Ponchione et ses aventures loufoques inspirées de quelques vieux comics américains, ou encore Elfo, le portraitiste et chroniqueur des petits riens qui font de grandes vies.
Enfin, un soigneux travail rédactionnel est à nouveau présenté, sattaquant comme à chaque fois aux cultures populaires et autres littératures oubliées. Ainsi un retour passionnant sur lhistoire du roman-feuilleton en France, et un texte sur Edward Gorey dont la seule lecture donne envie de se (re)plonger dans le travail de cet écrivain et illustrateur américain, adepte de récits noirs qui ne se départissent jamais dune élégance raffinée et dun humour diabolique.
Alexis Laballery ( Mis en ligne le 07/11/2005 ) Imprimer
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