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Géants du Grand Siècle
Joël Cornette   Hervé Drevillon   Laurent Bourquin   Philippe Hamon   Pierre Serna   la Monarchie entre Renaissance et Révolution - 1515-1792
Seuil - L'univers historique 2000 /  25.95 € - 169.97 ffr. / 504 pages
ISBN : 2-02-033249-3
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Sous la houlette de Joël Cornette, une équipe d’historiens modernistes nous donne aujourd’hui le volume "Ancien Régime" de l’Histoire de la France politique dirigée par Serge Berstein, Philippe Contamine et Michel Winock. L’enquête ne se limite pas au fait monarchique et à l’évolution du pouvoir royal entre 1515 et 1792. Elle embrasse aussi la culture politique et les idées politiques, du haut au bas de l’édifice social. Le titre choisi se justifie par le fait que l’époque se caractérise par l’identification entre souveraineté et personne du roi (p. 7). Le plan retenu est des plus classiques : trois parties correspondant grosso modo aux trois derniers siècles de la monarchie ; chacune de ces trois parties se subdivise à son tour en deux chapitres, dont les bornes respectent celles des règnes ou des groupes de règne : "Les cadavres des rois de France, comme l’a écrit Pierre Goubert, fournissent de bonnes limites chronologiques".

Dans la première partie, "Dieu, les Hommes et le Roi dans la France du XVIè siècle", Philippe Hamon et Laurent Bourquin ont d’abord la tâche difficile d’assigner un commencement à l’Ancien Régime, c’est-à-dire de montrer en quoi il diffère du Moyen âge. L’ère nouvelle se distingue essentiellement par l’exaltation de la personne même du roi, au détriment de concepts plus abstraits (le Trône, la Couronne). La religion monarchique s’organise alors autour d’une incarnation (p. 18-21) : héroïsé, identifié tantôt à César, tantôt à l’Hercule gaulois, François Ier s’impose comme guerrier et comme justicier, tout à la fois roi de guerre, roi des arts et roi de gloire. Autour de lui, autour de Henri II, se créent un premier embryon de Cour, une première étiquette. C’est alors que naît ce "cérémonial d’État" dont les historiens américains ont fait un de leurs principaux objets d’étude (p. 52-54).

À la différence d’autres monarchies européennes (celle des Tudor par exemple), la monarchie française bénéficie au début du XVIè siècle d’une légitimité incontestée, ancrée dans le passé le plus lointain. Princes autoritaires, François Ier et son fils en profitent pour renforcer le pouvoir royal. Le Conseil commence à se structurer ; les secrétaires d’État font leur apparition Sans disparaître, les institutions représentatives ne sont pas en mesure d’inquiéter une monarchie qui semble pleine de vie et de santé.

Après ce "beau XVIè siècle" s’ouvre une longue ère d’incertitude (1559-1610). Si le protestantisme prône la soumission aux princes terrestres, il n’en dénie pas moins au roi son rôle de médiateur entre les hommes et Dieu. À ce titre, la religion nouvelle apparaît comme un danger terrible (p. 62-65), d’autant plus que les conversions au calvinisme ont été particulièrement nombreuses dans la noblesse (p. 74). Les guerres de religion coïncident avec les règnes des fils de Henri II, princes trop jeunes ou trop faibles. Les premiers, les protestants, vont dénoncer la "tyrannie" de Charles IX et prôner le régicide.

Henri III réagit en réaffirmant le caractère sacré de sa personne (nouvelles règles de cérémonial) et en tentant de renforcer ses liens avec les principaux dignitaires du pays (ordre du Saint-Esprit, 1578). Pendant les troubles de la Ligue, les catholiques contestent à leur tour l’autorité royale. Finalement, après le meurtre de Henri III et l’occupation espagnole, la monarchie sort de la crise renforcée et transformée. Roi très-chrétien, Henri IV se pose aussi, après l’édit de Nantes, comme le garant d’une raison d’État universelle, condition du retour de la paix et de l’harmonie sociale.

Joël Cornette lui-même étudie le siècle suivant (1610-1715 selon la chronologie conventionnelle) dans une deuxième partie intitulée "Figures politiques du Grand Siècle: roi-État ou État-roi ?". Avec les années 1630, arrive une "révolution dans l’art de gouverner" correspondant au ministériat de Richelieu et à l’entrée de la France dans la guerre de Trente Ans (p. 174). Dans le contexte de la "révolution militaire" du XVIIè siècle (effectifs décuplés, prépondérance de l’infanterie et des armes à feu, fortification bastionnée), l’effort de guerre sans précédent impose et justifie un État tout-puissant, animé par la seule raison d’État (p 182-185).

"Géant du grand siècle", étudiée par les anglo-saxons plus que par les historiens de l’Hexagone, l’armée française devient un Léviathan armé ; l’impôt qui la nourrit pèse comme jamais auparavant. L’exercice du pouvoir gagne en efficacité, avec l’organisation du Conseil d’État et l’institution des intendants Il tend aussi à la brutalité : évoquant le début des années 1630, Omer Talon écrit que "l’on voulait les choses par autorités et non par concert" (p. 203). La Fronde apparaît comme une réaction ratée à ces changements trop rapides.


De ces troubles, la monarchie sort à nouveau triomphante et plus absolue que jamais. C’est l’apogée du régime, dont Versailles nous restitue la façade brillante: la monarchie se donne en spectacle, renvoie à elle-même, à la Cour et à toute la France l’image de sa gloire. Louis XIV pose pour la postérité : bien des historiens sont dupes de cette pose et se transforment en "involontaires courtisans" (p. 219-221). Dans le même temps, les critiques se font jour : la personnalisation excessive du pouvoir, la révocation de l’édit de Nantes, la destruction du Palatinat créent à la monarchie des ennemis irréconciliables. En 1689, les Soupirs de la France esclave accusent : "Le roi a pris la place de l’État" (p. 243).

Pourtant, bien des obstacles s’opposent à la prétendue toute-puissance du monarque : l’immensité du royaume, les faibles effectifs de la machine administrative, la nécessité de composer avec les élites après les avoir soumises. Dans les provinces, comme l’ont montré les grandes monographies d’intendance, le pouvoir "louisquatorzien" se fait flexible et tend au compromis (p. 255-257). Le poids grandissant du système "fisco-financier", analysé par D. Dessert, limite aussi l’absolutisme: au pouvoir apparent s’oppose un pouvoir réel, celui des financiers Issue de l’imaginaire de la Renaissance, la représentation solaire de la monarchie apparaît enfin comme peu à peu dépassée avec la montée du scepticisme critique. Dès 1719, les allégories de la galerie des glaces semblent des "énigmes plus obscures que celles du Sphinx" (p. 275-276).

Le troisième et dernier volet du récit s’ouvre avec la mort de Louis XIV, en 1715. C’est à Hervé Drévillon et Pierre Serna qu’il revient d’analyser "L’Ancien Régime et les Révolutions". En ce siècle des Lumières, le décalage entre l’ancienne religion monarchique et la pratique autoritaire du pouvoir, d’une part, l’évolution des esprits et des moeurs, de l’autre, ne cesse de grandir. Le pouvoir royal se fige dans la répétition servile des maximes de gouvernement propres à Louis XIV. Louis XV et Louis XVI n’ont pas l’aura de leur aïeul : ils flottent dans cet habit de gloire trop ample pour eux. De l’intérieur, la "vieille machine" donne des signes de dérèglement, instabilité ministérielle et despotisme ministériel simultanés, règne des favorites (p. 299-301). Un malaise apparaît dans les élites ; la noblesse, l’office, le service militaire ne sont plus les valeurs sûres de jadis. L’opinion publique devient une force.

Tandis que le pouvoir politique tend à l’immobilisme, la machine administrative, elle, se modernise, dans un souci de contrôle, de mesure, de bonne gestion (p. 310-315). En vain, car ces réformes ne suffisent pas à arrêter la marche des temps. Quand elle désignera ses représentants, la nation désavouera les administrateurs éclairés issus du Conseil et des intendances (p. 382-383). De 1789 à 1792, en trois courtes années, l’antique édifice politique et social s’écroule irrémédiablement. Le géant du Grand Siècle a vécu.

Les auteurs de La Monarchie entre Renaissance et Révolution s’appuient sur les travaux français et anglo-saxons les plus récents, abondamment cités en notes et réunis, à la fin du volume, en une précieuse bibliographie. Ainsi, l’ouvrage constitue-t-il un bilan de l’historiographie monarchique des vingt dernières années. L’absence d’introduction et de conclusion n’en est que plus regrettable : elle empêche que les lignes de force de la période soient nettement dessinées et que le bel effort de réflexion et de synthèse des contributeurs soit mis en évidence comme il mériterait de l’être.

Riche en aperçus brillants et en vues originales, l’ouvrage s’adresse davantage aux spécialistes qu’au grand public. Analytique et synthétique plus que narratif ou descriptif, il est une histoire de la culture politique française entre le XVIè et le XVIIIè siècles, non une histoire politique de l’Ancien Régime. Un lecteur non averti risque fort d’être désorienté devant tant de faits, d’hommes, de lieux et de dates simplement mentionnés, devant certaines analyses par trop ardues. On ne saurait tirer tout le suc de La Monarchie entre Renaissance et Révolution sans la lecture préalable des Institutions de l’époque française à l’époque moderne (B. Barbiche), dont il a été rendu compte dans ces colonnes, des derniers grands manuels d’histoire politique (L. Bély) et des grandes biographies royales (J.-C. Petitfils, M. Antoine) actuellement disponibles.

C’est toute la limite de l’exercice et, plus généralement, celle de la démarche qui tend à séparer histoire administrative, histoire institutionnelle, histoire politique et histoire de la culture politique.


Thierry Sarmant
( Mis en ligne le 22/01/2001 )
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  • Les institutions de la monarchie française à l’époque moderne
       de Bernard Barbiche
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